Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Maisons d'écrivains
29 juillet 2008

Curzio Malaparte - Capri

Biographie de Curzio Malaparte.

 

 

Malaparte"Un état totalitaire est un état où tout ce qui n'est pas défendu est obligatoire".

 

Kurt Erich Suckert est né à Prato en Toscanne et 1898, de père allemand et de mère lombarde.Très jeune,il est éloigné de ses parents et est élevé par de pauvres paysans. En 1925, il adopte le pseudonyme de Malaparte et renonce à son nom allemand, qui est emprunté au titre d'un pamphlet "I Malaparte et i Bonaparte" de 1869. Il aimait dire à propos de son pseudonyme : "Napoléon s'appelait Bonaparte, et il a mal fini : je m'appelle Malaparte et je finirai bien." Il s'engage dans la première guerre mondiale à 17 ans dans l'armée française pour combattre les allemands.

 

En 1922, il rejoint le parti fasciste. Ecrivain et journaliste, il devient directeur de La Stampa de Turin en 1929 et fonde La Conquista dello Stato, où il adopte une position politique radicale, invitant Mussolini à dissoudre le Parlement et à introduire un syndicalisme total. Lorsque Mussolini, après l'affaire Mattéotti, essaie de trouver des compromis aussi bien avec les fascistes extrémistes qu'avec l'opinion publique scandalisée, Malaparte maintient dans un premier temps sa position radicale, du côté des Squadristi, comme Farinacci, ensuite, dès que celui-ci perd son poste, remplacé par Turati, il l'attaque dans La Conquista dello Stato. Dans cette même période il publie : "Viva Caporetto" et "La rivolta dei santi maladetti" (la révolte des saints maudits) en 1921, ces oeuvres sont censurées. Puis "L'Europa vivente" en 1923 et "Italia Barbara" en 1925.

 

En 1931, il est à Paris, il écrit en cachette "Technique du coup d'Etat" ouvrage interdit en Italie jusqu'en 1948. Il est envoyé au "Confino" dans l'île de Lipari. Huit mois après, sous la protection de Galeazzo Ciano, il peut être transféré à Versilia, la plage la plus VIP de l'Italie fasciste. En 1937, il fonde une revue de propagande fasciste et de culture sensible aux avant gardes "Prospettive". Il écrit des nouvelles "Sangue" en 1937 "Donna come me" en 1940 et il travaille pour Il Corriere della Sera, en particulier comme correspondant à l'étranger, en 1939 il est en Ethiopie. Pendant la deuxième guerre mondiale, il part comme correspondant de guerre, en particulier dans les pays de l'Est.

En 1943, il est arrêté par décision du gouvernement Badoglio et conduit à la prison de Naples par les Américains pour son passé fasciste. Il en sort grâce à des amis puissants. Il entre alors dans la Résistance, pendant quatre mois. Il publie "Kaputt" en 1944, "La Pelle" en 1949.

 

Il est à Paris en 1947, où il monte deux pièces "Du côté de chez Proust" en 1948 et "Das Kapital" en 1949. Dans les années 50, il écrit une rubrique "Battibecco" pour le journal Il Tempo et voyage en Amérique du Sud, en Chine, en Russie et dans l'Europe de la reconstruction. En 1951, il sort son premier film "Il Cristo proibito".

Ultime provocation: en 1957, le poète, sur son lit d'hôpital, à l'aube de son décès, adhère au parti communiste.

 

 

 

Capri  sa demeure.

 

 

Casa_Malaparte"Il y avait à Capri, en la partie la plus sauvage, la plus solitaire, la plus dramatique, en cette partie entièrement tournée vers le midi et l'orient, où l'île, d'humaine, devient féroce, où la nature s'exprime avec une force incomparable et cruelle, un promontoire d'une extraordinaire pureté de lignes, qui déchirait la mer de sa griffe rocheuse. Nul lieu, en Italie, n'offre une telle ampleur d'horizon, une telle profondeur de sentiment. C'est un lieu, certes, propre seulement aux êtres forts, aux libres esprits. Car il est facile de se laisser dominer par la nature, d'en devenir l'esclave, de se laisser déchiqueter par ces crocs délicats et violents, de se faire engloutir par cette nature comme Jonas dans sa baleine."

 

 

 

Extrait de "Ritratto di pietra" (Portrait de pierre) 1940 de Curzio Malaparte.

La Casa Malaparte est une œuvre architecturale moderne de 1937, construite dans un des plus beaux sites géographiques du monde, à flanc de falaise au bord de la Méditerranée, à l'est de Capri en Italie.

La villa a été conçue et construite en 1937 par l'architecte Adalberto Libera suite à la demande de l'écrivain. C'est du moins ce que l'on croyait avant les recherches de Marida Talamona. Il apparaît maintenant que cette demeure est essentiellement due à Malaparte, Libera n'aurait dessiné qu'une ébauche de la maison et servi de prête nom pour obtenir un permis de construire. Dans "Ritratto di piera" Malaparte s'en attribue explicitement la création, et insiste sur ce "portrait essentiel, nu, sans ornement". Le vrai n'est jamais facile à démêler du faux chez Malaparte, mais l'hypothèse est plus que vraisemblable, et semble vérifiée par l'absence du moindre plan achevé dans les papiers de Libera.

Cette villa, paradoxale et provocante, solitaire et offerte au regard, secrète et mythique, est à l'image de son propriétaire. Construite au bord extrême du cap Massullo, à Capri, parallèle au ciel, elle semble à la fois se fondre dans le paysage de roches et insolemment rivaliser avec la mer et les Faraglioni, les rochers qui lui font face à fleur d'eau. L'ocre très rouge des murs, la géométrie des lignes, la pente redoutable de l'escalier en trapèze qui occupe un pan entier et mène à la terrasse, la virgule blanche qui ponctue le toit comme une voile, en font un étrange vaisseau échoué sur le roc, dont les fenêtres s'ouvriraient sur l'éternité.

L'essentiel de la construction a été confié à un maçon de l'île, Arturo Amitriano, aidé par ses deux fils. La correspondance de Malaparte avec cet artisan, atteste du soin constant accordé à ce chantier. En 1942, la maison est achevée. Savinio, le frère du peintre Chirico, dessine les meubles en choisissant la lyre comme motif central. Toute en longueur, construite sur deux niveaux, la maison s'articule autour d'un immense atrium dallé, dont les baies dessinent le paysage naturel comme de gigantesques tableaux hyperréalistes. A l'avant, la chambre de la Favorite et sa salle de bain en marbre vert, et, symétriquement, celle du maître des lieux. Malaparte y vient de préférence l'hiver, quand la mer monte à l'assaut de la pierre.

La maison fut longtemps abandonnée après la mort de Curzio Malaparte. Très endommagée par le temps et par le vandalisme, elle perdit même son somptueux poêle en céramique avant de faire l'objet d'un long et coûteux programme de restauration dans les années 1980-1990.

La villa fut laissée en héritage par l'écrivain à la République populaire de Chine. Le legs fut contesté par la famille de Malaparte, et après des années de procédure, ceux ci ont obtenu gain de cause. Grâce à l'obstination du petit-neveu de Malaparte, Niccolo Rositani, et au soutien de mécènes privés, une fondation a pu être créée afin de sauver la Casa Malaparte de l'abandon, mais aussi des promoteurs qui voulaient en faire une pizzeria.

De nombreux industriels italiens ont participé à la préservation de cette architecture exceptionnelle, la façade a déjà retrouvé son allure originale.

Ce parallélépipède de maçonnerie rouge entaillé par un monumental escalier en pyramide inversée est implanté sur une falaise abrupte, 32 mètres au-dessus de la Méditerranée, dominant le golfe de Salerne. L'accès à la propriété n'est possible qu'à pied depuis Capri ou bien par la mer grâce à un escalier taillé dans le rocher.

Trop volumineux pour quitter l'édifice, la majeure partie du mobilier original est toujours dans la villa. La baignoire de marbre de la chambre de la maîtresse de l'écrivain est toujours fonctionnelle. Sa chambre et son bureau bibliothèque sont également intacts.

La villa est devenue un lieu d'étude pour les architectes et les amateurs du monde entier. Divers évènements culturels se tiennent également sur le site. Pas question pour les héritiers d'en faire un musée, cette maison doit selon eux, rester un lieu privé et créatif.

C'est aussi en ces lieux que fut tourné "Le Mépris" de Jean Luc Godard, d'après un roman d'Alberto Moravia qui fut l'un des hôtes de Malaparte à Capri.

 

 

 

ScreenHunter_16_Jul

2393061012_2875df4e0f

269426868_87ed978562

238447976_cb33fc1561

238433712_a9c3dca11a

ScreenHunter_17_Jul

ScreenHunter_18_Jul

377737718_104a75dd8b

ScreenHunter_21_Jul

238446593_81bbffe66d

238447292_6db5874b23

238447574_6f8998c598

238445977_7a47725136

untitled

ScreenHunter_19_Jul

ScreenHunter_20_Jul

Malaparte01

Malaparte02

Malaparte03

Malaparte05

Malaparte06

foto

246483934_3fd39dbc70

246493636_c5cb592217

272960600_157ae82401

271163907_4cd357ab0b

351977844_3fb198ef80

 

 

La Casa Malaparte dans Le Mépris.

Curzio Malaparte.

 

 

Procurez vous des ouvrages de Curzio Malaparte 

 

 

 LOCALISATION DE LA MAISON :

 

 

 

 

 

Publicité
Publicité
25 juillet 2008

Victor Hugo - Place des Vosges Paris

Biographie de Victor Hugo.

 

 

 

victorhugo1"Le plus grand ennui c'est d'exister sans vivre".

 

Victor Hugo est né le 26 février 1802, à Besançon. Il est le dernier fils d’un général d’Empire, le comte Léopold Hugo. Sa mère, née Sophie Trébuchet, élève seule ses trois enfants à Paris, son mari s’éloignant au gré de ses obligations militaires, en Corse puis à l’île d’Elbe en 1803. Victor et ses frères passent leur enfance à lire et à se cultiver grâce aux bons soins maternels, notamment au parc des Feuillantines près duquel la famille Hugo s’est installée au mois de mai 1809. Celle-ci doit cependant quitter la France et suivre en Italie en 1808 le comte Léopold Hugo, nommé gouverneur d'Avellino par le roi Joseph Bonaparte, puis en Espagne en 1811.

Avec la chute de l’Empire, Léopold Hugo est de retour à Paris. Victor et son frère Eugène sont alors retirés à leur mère, séparée de fait depuis quelques années d’avec son mari, et placés à la pension Cordier. Selon les vœux paternels, ils se destinent à intégrer l’École Polytechnique. En 1816, Victor entre ainsi au Lycée Louis le Grand, délaissant parfois ses études pour rédiger des vers. Il obtient en 1818 une distinction en sciences physiques au Concours général. La même année, une procédure de divorce prononce enfin la séparation de corps et de biens des époux Hugo.

Encouragé par sa mère chez laquelle il peut enfin résider, Victor s’adonne alors aux lettres avec l’ambition de réussir. "Je serai Chateaubriand ou rien", écrit-il à l’âge de quatorze ans sur un cahier d’écolier. En 1817, il reçoit les encouragements de l’Académie Française, qui a remarqué l’un de ses poèmes. En 1819, le Lys d’or lui est décerné pour la rédaction d’une ode d’inspiration royaliste : le jeune homme milite pour le rétablissement de la statue d’Henri IV... Ce prix est la plus haute récompense décernée par l’Académie des Jeux floraux de Toulouse.

Au mois de juin 1822, Victor Hugo publie son premier volume intitulé "Odes et Poésies diverses". Cette œuvre le fait remarquer des cercles royalistes. Louis XVIII lui attribue une pension de mille francs, obtenue à la demande de la duchesse de Berry. Les années qui suivent sont très prolifiques pour l’écrivain. Les recueils de poèmes, "Nouvelles Odes" en 1824, "Ballades" en 1826, ainsi que les romans, "Han d’Islande" en 1823 et "Bug Jargal" en 1826 se succèdent. Charles X, le nouveau souverain, le fait chevalier de la Légion d’honneur en 1825, alors qu'il n'est âgé que de vingt-trois ans. La même année, l'écrivain pensionné et membre de la Société royale des bonnes lettres, assiste d'ailleurs au sacre du roi, qui a lieu le 29 mai en la cathédrale de Reims. Une ode rédigée pour l’occasion par le poète, chantre de l’alliance du trône et de l’autel, lui vaut un service de table en Sèvres ainsi qu’une entrevue avec le nouveau monarque.

Après le décès de sa mère hostile au projet de son fils, Hugo se marie le 12 octobre 1822 à Adèle Foucher, une amie d’enfance dont il s’est épris. L’écrivain est bientôt le père de quatre enfants. Se consacrant à son travail d’homme de Lettres, il se détourne peu à peu de ses obligations familiales et conjugales, s’éloignant de sa femme. Celle-ci se lie alors à son ami Charles Augustin de Sainte-Beuve, qui devient davantage qu’un consolateur amical auprès de la jeune épouse, à partir de 1830. Quelques années plus tard, en 1833, l'écrivain fait la connaissance de Juliette Drouet, une comédienne du Théâtre de la Porte Saint-Martin qu’il ne quittera plus.

"Poète du parti ultra" suivant le mot de Stendhal, ses convictions politiques évoluent au cours de ces années. Dès 1824, il fréquente le salon de Charles Nodier, à l’Arsenal où celui-ci est bibliothécaire, et se rapproche de l’opposition libérale. La mort de son père en 1828 réveille également son intérêt pour le passé napoléonien dont il découvre la grandeur. L'écrivain se prononcera d’ailleurs en faveur du retour en France de Louis-Napoléon Bonaparte, en d’autres temps, en 1847. Au mois de février 1827, le poète compose son ode "A la Colonne de la place Vendôme", un monument symbole de la gloire de l’Empereur des Français, fondu dans le bronze des canons pris aux armées prussiennes en 1806. Le 13 août 1829, Charles X fait interdire la représentation de sa pièce de théâtre "Marion Delorme" pour atteinte à la majesté royale. Victor Hugo refuse l’offre d’une pension royale de quatre mille francs, qui est censée le dédommager, et rompt alors avec le régime en place.

Son œuvre littéraire évolue également. Le drame de "Cromwell" en 1827 puis le recueil des "Orientales" au mois de janvier 1829 et leurs retentissantes préfaces en dessinent la nouvelle orientation. L’écrivain réclame d’avantage de liberté dans l’art et dans la création. Ceci est le prétexte de la bataille littéraire qui accueille la représentation du drame "Hernani", dont la première a lieu le 25 février 1830 au Théâtre-Français. Victor Hugo se présente alors comme le chef de file de la jeune génération romantique en animant le Cénacle, un cercle qui se réunit dans son appartement de la rue Notre Dame des Champs où se rencontrent les écrivains et les artistes de la jeune génération romantique. Parmi ceux-ci : Alfred de Vigny, Alfred de Musset, Gérard de Nerval, Eugène Delacroix… Le 23 novembre 1832, la censure royale s'exerce de nouveau à propos de sa nouvelle pièce de théâtre, "Le Roi s'amuse", représentée la veille sur la scène du Théâtre-Français.

Hugo est désormais un auteur à succès et s’illustre avec les poèmes publiés dans "Les Feuilles d’automne" en novembre 1831, "Les Chants du crépuscule" en 1835, "Les Voix intérieures" au mois de juin 1837 ainsi que dans "Les Rayons et les Ombres" en 1840. Ces recueils d'inspiration lyrique lui permettent de rivaliser auprès du public avec Alphonse de Lamartine, tandis que les représentations au théâtre de ses drames comme "Lucrèce Borgia", dont la première a lieu le 2 février 1833 à la Porte Saint-Martin, ou "Ruy Blas", en 1838 et avec Frédérick Lemaître dans le rôle titre, lui assurent de confortables revenus. Victor Hugo montre également ses préoccupations humanitaires dans "Le Dernier Jour d’un condamné" au mois de février 1829, puis "Claude Gueux" en juillet 1834, où il se fait le défenseur de l’abolition de la peine de mort. Une voix puissante et inspirée, mais trop isolée dans le siècle. Un nouveau roman, "Notre-Dame de Paris", publié le 16 mars 1831, connaît également un grand succès d’édition. Ce drame passionnel qui se noue autour de la personne d'Esméralda, cette redécouverte d’un passé médiéval mythifié et placé en toile de fond en font l’une des œuvres emblématiques du mouvement romantique. Le 7 janvier 1841, Hugo est enfin élu à l’Académie Française, après quatre échecs retentissants. C’est pour l'écrivain la consécration de sa gloire littéraire.

A cette époque, Victor Hugo entreprend également quelques voyages en compagnie de Juliette Drouet. Les deux amants visitent ensemble la Bretagne et la Normandie en 1836, puis la Belgique en 1837, l’Alsace et la Provence en 1839 et enfin les bords du Rhin l’année suivante. En 1842, l'écrivain publie à cette occasion un recueil de texte intitulé "Le Rhin", des impressions de voyage étoffées de quelques réflexions de circonstances. Laissant en effet de côté les polémiques qui opposent les milieux littéraires français et allemands, ce texte se conçoit comme un véritable programme de politique étrangère pour la France de la Monarchie de Juillet. Victor Hugo est ainsi favorable à l'unité allemande, celle-ci devant selon les vues de l'écrivain se réaliser au sein d'une Europe fédérale dont l'artère serait le Rhin, un axe franco-allemand.

Grâce à ses droits d’auteur, Hugo vit désormais avec de confortables revenus. Sa nouvelle demeure, située au 6 de la Place Royale (actuelle Place des Vosges) où il s’est installé au mois d'octobre 1832, est un lieu chic et mondain. Négociant habilement la publication de ses œuvres complètes, il vit dans l’aisance. A la différence de François-René de Chateaubriand, Hugo n’éprouve aucun regret pour le régime défunt, celui de la Restauration. Répondant à une commande du nouveau gouvernement, n’a t-il pas rédigé un "Hymne aux morts de juillet" en1831, exécuté au Panthéon lors de la célébration des "Trois Glorieuses" ?

A partir de 1837, l’écrivain est l’hôte assidu du duc d’Orléans, héritier du trône. Il se rapproche ainsi de la cour et se rallie bientôt à la Monarchie de Juillet. Le 13 avril 1845, le roi Louis-Philippe Ier le nomme Pair de France ce qui lui permet alors de siéger à la Chambre. Cependant, une nouvelle liaison avec une jeune femme mariée, Léonie d’Aunet, fait scandale. Les deux amants sont en effet surpris, le 5 juillet suivant, en flagrant délit d’adultère. Le prestige du notable en est éclaboussé, la jeune femme effectuera quant à elle deux mois de détention dans l'infamante prison de Saint-Lazare.

L’année 1843 amène de profonds bouleversement dans son existence. L’échec de sa nouvelle pièce de théâtre, "Les Burgraves", et surtout le décès accidentel de sa fille aînée Léopoldine, le 4 septembre, qui se noie avec son mari dans la Seine à Villequier, le touchent profondément. Au mois de novembre 1845, celui qui est un observateur attentif de la vie du peuple lors de ses promenades parisiennes entame un nouveau roman, qui devrait s’intituler "Les Misères". Victor Hugo noircit pendant cette période des centaines de feuilles de papier, autant de textes qui seront publiés par la suite, pendant ses années d'exil ainsi qu'au soir de sa vie.

Éloigné des problèmes politiques malgré ses fréquentations, la révolution de 1848 est pour l'écrivain une nouvelle commotion. Après avoir tenté de faire proclamer la régence de la duchesse d’Orléans, haranguant les ouvriers parisiens en armes place de la Bastille, le 24 février, il se rallie rapidement à la Seconde République. Le 2 mars suivant, Victor Hugo prononce d'ailleurs un vibrant discours Place des Vosges à l’occasion de la plantation d’un arbre de la liberté. Il appelle alors à vive voix l'avènement de la "République universelle". Le 4 juin 1848, lors d’élection complémentaire, l'écrivain est désigné comme député de Paris à l’Assemblée Constituante puis, le 13 mai 1849, à l’Assemblée Nationale avec l’appui des conservateurs. Au Palais-Bourbon, Hugo, prenant place sur les bancs de l’Assemblée, s’installe à droite.

Au cours des "Journées de Juin" pendant lesquelles le pouvoir réprime une insurrection populaire, à l'origine de laquelle se trouve la fermeture des Ateliers nationaux, le représentant du peuple, qui avait appelé à faire disparaître ces ateliers de charité quelques jours plus tôt, fait partie des soixante délégués chargés de tenir l'Assemblée au courant de la situation. Il préside également au mois d'août de la même année le Congrès de la paix qui se tient à Paris. Victor Hugo prononce à cette occasion un discours pacifiste qui connaît un grand retentissement en Europe. Fondateur d’un journal d’opinion, "L’Événement", avec ses deux fils et avec l'aide d'Émile de Girardin le 31 juillet 1848, il fait campagne pour l’élection à la présidence de la République de Louis-Napoléon Bonaparte. L’écrivain est alors le fervent partisan d’une démocratie libérale et sociale.

Cependant la vision qu’a Victor Hugo de sa mission d’homme politique a évolué au cours des derniers mois. Si le notable est toujours aussi effrayé par la violence utilisée par les agitateurs socialistes, par Adolphe Blanqui ou Armand Barbès notamment, il montre de plus en plus ses préoccupations humanitaires, s’inquiétant de la condition du peuple. Victor Hugo rompt bientôt avec la majorité conservatrice en prononçant des discours dénonçant la misère, le 9 juillet 1849, puis critiquant la loi Falloux, le 15 janvier 1850, ainsi que le vote de restrictions à la pratique du suffrage universel, le 20 mai suivant. "L’Événement" est d'ailleurs interdit au mois de septembre 1851.

Victor Hugo participe à l’opposition républicaine par le coup d’État du 2 décembre. Avec quelques autres députés républicains, il tente de former un comité de résistance, de soulever le peuple des faubourgs de la capitale après avoir lancé un appel à l'armée. En vain. Placé le 9 janvier 1852 sur la liste des proscrits et désormais interdit de séjour en France, il s’est exilé à Bruxelles depuis le 11 décembre précédent, voyageant muni d'un passeport au nom de Jacques-Firmin Lanvin. Les deux décennies de règne de Napoléon III seront pour l’écrivain et l’homme politique des années d’opposition et d’éloignement. Cet exil devient volontaire, après son refus de l’amnistie offerte par l’Empereur avec le décret du 16 août 1859.

Victor Hugo réside alors à proximité de la France, dans les îles Anglo-Normandes de la Manche. Dans sa villa de Marine-Terrace à Jersey, il s’initie aux "tables parlantes" grâce à Delphine de Girardin, épouse de l’homme de presse. Cependant, le 27 octobre 1855, l'écrivain est expulsé par les autorités après avoir protesté contre la visite de l'Empereur Napoléon III en Angleterre. Installé à Guernesey, il fait l’acquisition de Hauteville-House en 1856. Souffrant de la gorge et du froid, le proscrit se laisse pousser la barbe à partir de 1861. Dans les années qui suivent, sa famille s'éloigne de plus en plus fréquemment, afin notamment de s'occuper du devenir de ses contrats d'auteur. Sa femme, malade, le quitte bientôt et décède le 27 août 1868 à Bruxelles.

L'exilé rappelle régulièrement aux sujets de l'Empereur son existence. Membre du Comité de résistance au coup d'État, Victor Hugo fait entendre sa voix au moment de l'organisation d'un plébiscite le 21 novembre 1852 et destiné au rétablissement de la dignité impériale dans la personne de Louis-Napoléon Bonaparte. Il rédige pour l'occasion une lettre de protestation. L'année suivante, le 21 novembre 1853, l’écrivain fait également paraître "Les Châtiments", un pamphlet dirigé contre Napoléon III qu’il a précédemment surnommé "Napoléon-le-Petit". Son œuvre s’enrichit ensuite de romans qui constituent de véritables épopées humaines. "Les Misérables" publiés en 1862 sont un immense succès littéraire. Suivent "Les Travailleurs de la mer" en 1866 puis "L’Homme qui rit" en 1869. En 1859, un recueil de poèmes, "La Légende des siècles", qui vient après "Les Contemplations", s’inscrit dans cette veine d’inspiration.

Après la défaite de Sedan et la proclamation de la République, le 4 septembre 1870, Victor Hugo est de retour à Paris. Symbole vivant de la résistance républicaine au Second Empire, l'écrivain est accueilli en héros par la foule des Parisiens à la gare du Nord. Son "Appel aux Allemands", un texte maladroit et décalé, publié le 9 septembre suivant, n’ayant eu que peu d’effets sur les troupes ennemies, celles-ci entament un siège en règle de la capitale. Hugo participe alors à l’effort collectif de défense en distribuant les dividendes de ses droits d’auteur.

Élu député de la gauche républicaine dans la capitale le 8 février 1871, en seconde position après Louis Blanc mais devant Léon Gambetta, il démissionne quelques semaines plus tard, le 8 mars, peu satisfait de la volonté de restauration monarchique que montre l’Assemblée qui siège à Bordeaux. Victor Hugo n’approuve ni la paix signée le 1er mars 1871 ni l’accueil réservé à l'italien Giuseppe Garibaldi, celui-ci ayant pris part aux combats contre la Prusse aux côtés des Français. Se désolidarisant de l'aventure de la Commune, l'écrivain accueille néanmoins publiquement chez lui à Bruxelles, où il réside depuis le 22 mars, les communards réfugiés pendant la répression versaillaise.

Expulsé de Belgique, Victor Hugo se rend alors à Vianden au Luxembourg voisin. Il évoque bientôt les événements dramatiques de ces derniers mois dans "L’Année terrible", publiée en 1872. Le 7 janvier de la même année, l'écrivain est battu lors d'une élection législative partielle. Il lui faudra attendre quatre années et le 30 janvier 1876 pour retrouver sous la Troisième République un siège de parlementaire, en étant élu sénateur de Paris. Il milite alors au sein de l'assemblée pour l'amnistie des communards, celle-ci intervenant le 11 juillet 1880.

Entre temps, Hugo fait éditer de nouvelles œuvres. 1874 voit la parution de son dernier roman, "Quatre-vingt treize", dédié à la Révolution française et à la Convention. Des textes écrits le plus souvent pendant les années d’exil à Guernesey paraissent également : "L’Art d’être grand-père" au mois de mai 1877, "La Pitié suprême" en 1879, "Torquemada" en 1882, "L’Archipel de la Manche" au mois d’octobre 1883.

Cependant la santé du patriarche se détériore. Une congestion cérébrale qui le terrasse le 28 juin 1878 le laisse diminué. L'écrivain délaissera maintenant l'écriture, se contentant de mettre en forme et de publier ses productions inédites. En 1881, le nouveau régime "installé" fête son entrée dans sa quatre-vingtième année, ce qui donne lieu à une grande célébration populaire, le 27 février. L'avenue d'Eylau, dans la partie où il est installé depuis 1879, porte dorénavant son nom. Juliette Drouet décède le 11 mai 1883, Victor Hugo le 22 mai 1885 à 13 h 27 minutes, des suites d’une congestion pulmonaire.

La Troisième République lui offre alors des funérailles nationales. Celles-ci se déroulent le 1er juin suivant et sont l’occasion d’un vaste rassemblement populaire autour d’une des gloires nationales. La veille de l’événement, un immense catafalque stationné sous l’Arc-de-Triomphe permet à la foule de venir se recueillir pendant la nuit auprès du grand homme. Le corbillard des pauvres, que celui-ci a demandé dans son testament rédigé le 2 août 1883, s’élance enfin, suivi par un interminable cortège composé de deux millions d'admirateurs et de badauds. Il conduit le corps de Victor Hugo au Panthéon.

 

 

Place des Vosges sa demeure.

 

 

Rohan_GuemeneEn 1832, Victor Hugo s'installe au 6 Place Royale pour une longue période, résidant en ce lieu durant seize ans. Le tumulte provoqué dans Paris par le scandale de la "bataille d'Hernani" avait poussé son propriétaire à lui demander de quitter en 1830 la maison de Notre Dame des Champs qu'il habitait depuis trois années. Après avoir vécu deux ans rue Jean Goujon, il louera l'appartement de la Place Royale situé dans l'hôtel de Rohan Guémené.

Certains de ses amis lui feront le reproche de s'excentrer, de s'éloigner des quartiers des artistes de la Nouvelle Athènes. Les motivations de son choix restent obscures, si ce n'est la proximité de son ami Théophile Gautier et surtout celle de l'Arsenal où Charles Nodier tenait ses réunions, entourés de jeunes écrivains et poètes.

Son salon où se réunissait depuis plusieurs années le cénacle romantique continue à être très fréquenté, les artistes ont suivi, et Théodore de Banville vante la douceur des soirées de la Place Royale : "En été, surtout, c'était ravissant; la grande porte de l'appartement restait ouverte, le parfum des fleurs et des feuillages entrait par les fenêtres et la soirée avait lieu sur la Place Royale en même temps que dans les salons, car les jeunes gens allaient fumer leur cigarette dans les allées, autour de Louis le Chaste, puis tout de suite remontaient grisés de nuit et d'azur, dans l'éblouissement des flambeaux et des danses pareilles à des choeurs de déesses".

La demeure est cossue, décorée des oeuvres des amis peintres ou sculpteurs, Boulanger, Châtillon, David d'Angers. Mais ces oeuvres représentent Hugo lui même ou des membres de sa famille, ou encore illustrent des scènes de poèmes. L'intérieur bourgeois n'est pas celui d'un collectionneur ou d'un dandy comme celui de Théophile Gautier. Peut être Hugo est il trop soucieux de son oeuvre pour laisser place à celle d'un autre artiste dans sa propre demeure, si ce n'est pour témoigner encore de lui même au travers de portraits de ses proches ou d'illustrations de sa propre création. Mais cet appartement est aussi le lieu auquel sont associés l'ascension sociale, un certain embourgeoisement et la tragique disparition de Léopoldine.

En cette année 1832, Hugo est le chef incontesté de l'école romantique, sa plume est depuis longtemps reconnue, son avis recherché en littérature comme en politique. Pourtant son parcours n'a pas été rectiligne. Ses convictions restent incertaines, ayant subi des influences diverses et souvent contradictoires, mais aussi le poids des événements.

 

Le musée de la place des Vosges fut fondé en 1902, année du centenaire de la naissance de Victor Hugo, à l'initiative de Paul Meurice (1818-1905), ami de longue date, ardent défenseur de Hugo et de son oeuvre, et grâce à l'importante donation qu'il fit alors à la Ville de Paris. Premier musée monographique et littéraire, la Maison de Victor Hugo recèle le fonds d'oeuvres graphiques et de manuscrits de Victor Hugo le plus important avec celui de la Bibliothèque nationale de France: éditions originales de l'écrivain, peintures et sculptures lui rendant hommage, estampes, photographies, caricatures et pièces de mobilier.

L'hôtel, parmi les plus beaux de la place Royale (aujourd'hui place des Vosges), fut construit par Isaac Arnauld, conseiller du roi et intendant des Finances, à qui l'emplacement avait été cédé en juin 1605, lors du lotissement du parc des Tournelles, à l'époque de la conception de la place. Vendu en 1612 au marquis de Lavardin et en 1621 à Pierre Jacquet, seigneur de Tigery, l'hôtel devint la propriété de Louis de Rohan, prince de Guémenée et resta dans cette illustre famille jusqu'en 1784.

Deux balcons, aujourd'hui disparus, furent édifiés en 1785, au premier et au deuxième étage. En 1797, l'hôtel passa aux mains de la famille Péan de Saint-Gilles puis fut cédé par ses descendants en 1873 à la Ville de Paris. Une école y fut alors transférée.

L'hôtel se composait d'un corps de logis sur la place et de deux ailes en retour portant dix croisées de façade chacune et donnant sur la cour. Celle-ci, bordée d'écuries et de remises, communiquait avec l'impasse Guéménée. De nouveaux aménagements intérieurs furent effectués pendant la deuxième moitié du XIXème siècle.

Victor Hugo loua de 1832 à 1848 un appartement d'environ 280m² au deuxième étage de l'Hôtel de Rohan-Guémenée. Les lieux ont connu jusqu'à l'inauguration du musée, en 1903, de nombreux changements. Si la surface est restée inchangée, les espaces ont été redistribués et les couloirs supprimés, ainsi que le balcon qui donnait sur la place. En juin 1852, alors que le poète proscrit s'était réfugié à Bruxelles depuis le 12 décembre 1851, son mobilier fut mis aux enchères et ses biens dispersés. Certains furent alors achetés par des amis, Paul Meurice avant tout. Ce sont ceux-là qui aujourd'hui permettent, avec ceux que Victor Hugo avait emportés en exil, de reconstituer l'atmosphère de ses lieux de vie.

En effet, adoptant un parti chronologique, la visite propose aujourd'hui une évocation des trois grandes étapes de la vie de l'écrivain, telles qu'il les avait lui même définies dans "Actes et Paroles" : Avant l'exil, Pendant l'exil, Depuis l'exil.

L'antichambre : à l'époque où Victor Hugo résidait place Royale, cette pièce était l'antichambre de son appartement avec une même petite fenêtre d'angle donnant sur la place et un même dallage en pierre de liais. Cette salle évoque aujourd'hui la famille, l'enfance et la jeunesse de l'écrivain, ses lieux de vie, ses fiançailles avec Adèle Foucher, les premières années de leur mariage et la naissance de leurs enfants.

Le salon rouge : la deuxième salle restitue l'atmosphère du salon de la place Royale, qui se trouvait à l'emplacement de l'actuel salon chinois. Les murs tendus de damas rouge, les consoles dorées et la glace de Venise évoquent le décor de l'époque ; certaines oeuvres se trouvaient alors dans le salon : le portrait d'Adèle Hugo par Louis Boulanger, ainsi que celui de Victor Hugo et de son fils Victor par Auguste Châtillon. Ces tableaux orneront plus tard le billard de Hauteville House à Guernesey. Figure aussi le portrait de leur fils Victor par Charles de Champmartin vers 1834. La coiffeuse à décor laqué provient de la chambre de Madame Hugo à Hauteville House. Comme Le Feu du ciel de Louis Boulanger, le buste du poète sculpté par David d'Angers se trouvait en bonne place dans le salon de la place Royale. Le buste en marbre, dédicacé et signé par l'artiste, est daté de 1838.

Le souvenir de Léopoldine, décédée en 1843, est toujours évoqué. Un dessin de Madame Hugo, daté d'avril 1837, la représente lisant. Il est accompagné d'un petit échantillon de la robe qu'elle porte sur le tableau d'Auguste de Châtillon, Léopoldine au livre d'heures.
Victor Hugo plaça plus tard ce morceau d'étoffe en écrivant Robe de Didine. 1834. V.H. ainsi que les deux vers : "Oh ! la belle petite robe Qu'elle avait, vous rappelez-vous" ? (Les Contemplations, IV, VI)

Auguste Châtillon, ami de la famille, réalise en 1835 le portrait de Léopoldine au livre d'heures. Le tableau porte en haut à droite les dates 28 août 1824 (naissance de Léopoldine), 28 août 1835 (date probable de l'achèvement de l'oeuvre). En 1836, Léopoldine fait sa Première Communion dans l'église de Fourqueux, entourée de ses proches, de son grand-père Pierre Foucher, de Théophile Gautier et d'Auguste Châtillon qui peint la scène : sur cette oeuvre, on aperçoit Victor Hugo, la tête penchée. Le tableau sera placé, durant l'exil, dans la chambre de Madame Hugo à Guernesey. D'autres souvenirs de Léopoldine sont parfois présentés dans les vitrines : son châle de cachemire, ses gants de peau accompagnés de leur pochette, son rond de serviette marqué Didine, sa petite boîte à onguent et son porte-aiguilles en velours brodé.

Un coffre de bois gravé et peint par Victor Hugo porte les initiales du second fils du poète, François-Victor. En 1849, alors qu'il collabore au journal L'Evénement, Victor adopte le prénom de François-Victor afin d'éviter toute confusion avec son père. La tradition veut que Louis Napoléon Bonaparte, venu en octobre 1848 solliciter rue de la Tour-d'Auvergne l'appui de Victor Hugo pour sa candidature à la présidence de la République, se soit assis sur ce coffre.
    
Une toile de Charles de Champmartin (vers 1827) nous présente Juliette Drouet que Victor Hugo rencontre en 1833 lors des répétitions de sa pièce 'Lucrèce Borgia'.

Le salon chinois d'Hauteville Fairy : le Salon Chinois occupe actuellement l'emplacement du grand salon de Victor Hugo de 1832 à 1848.
      
Après le coup d'Etat de Napoléon III, le 2 décembre 1851, auquel s'est opposé l'écrivain, ce dernier, proscrit, quitte la France pour la Belgique le 11 décembre, muni d'un faux passeport. Une longue période d'exil commence.
Victor Hugo et sa famille, ainsi que Juliette Drouet, s'établissent tout d'abord à Jersey en août 1852 puis à Guernesey en novembre 1855 (Iles Anglo-Normandes). Le succès éditorial que connaît le recueil de poèmes  "Les Contemplations", en 1856, permet à Victor Hugo d'acheter une maison qu'il baptise Hauteville House.
Juliette Drouet emménage dans la même rue, dans une maison appelée Hauteville Fairy. Le décor d'inspiration chinoise est une partie du décor original provenant de la demeure de Juliette Drouet.
      
Vendu par Louis Koch, neveu et héritier de Juliette Drouet, à Paul Meurice qui en a fait don au musée lors de sa fondation, ce décor a pu être remonté grâce à des photographies anciennes. Celles-ci montrent de petites pièces et les agendas de Victor Hugo nous révèlent que ces pièces étaient éclairées au gaz. Il faut donc imaginer des pièces modestes et relativement peu éclairées, donnant ainsi une impression d'intimité, le décor très chargé saturant l'espace.
      
L'élaboration et la mise en place du décor à Hauteville Fairy commença en juillet 1863 et s'acheva le 14 juin 1864. La correspondance de Juliette Drouet avec Victor Hugo en donne quelques échos au cours de l'été 1863. Entièrement conçu par Victor Hugo, le décor se déployait dans le salon et la chambre de Hauteville Fairy et peut-être dans une troisième pièce. Il se compose de panneaux décoratifs peints et dorés, à motifs de personnages, d'animaux et de fleurs où les initiales du poète et celles de Juliette Drouet se mêlent en plusieurs endroits, quelquefois agrémentées d'un papillon évoquant le poème "La pauvre fleur disait au papillon céleste" (Les Chants du crépuscule, XXVII). Des caissons garnis d'assiettes ornent également une cheminée qui porte un miroir de Venise et des figures en porcelaine, à la lumière d'un lustre chinois.

La salle à manger d'inspiration médiévale : cette salle réunit plusieurs meubles que l'on retrouve sur les photographies anciennes de la chambre de Juliette Drouet à Hauteville Fairy. Aux murs, deux dessins du poète illustrent la genèse du travail de l'écrivain décorateur. Ces dessins sont autant de projets de meubles totalement composites que Victor Hugo concevait à partir des nombreux coffres et éléments de bois sculptés, qu'il achetait lors de ses pérégrinations sur l'île, et dont la réalisation était confiée à un artisan nommé Mauger, aidé de trois ouvriers.

Un bahut montre comment Victor Hugo laissait son imagination prendre le pas sur le côté fonctionnel : le meuble se compose d'un coffre orné de divinités marines, d'une sorte de petit tabernacle et d'un buffet dont les deux tiroirs ont perdu toute utilité. Un buste de Victor Hugo en porcelaine exécuté par Louis-Joseph Leboeuf, qui apparaît sur une photographie de Hauteville Fairy exposée dans la salle, est une copie du buste exécuté par le sculpteur lors d'un séjour à Guernesey en 1864.

Le grand meuble garni d'un miroir a lui aussi été réalisé à partir d'éléments hétérogènes. Les panneaux supérieurs évoquent les stalles sculptées du Moyen Age. Comme à Hauteville Fairy, ce meuble est surmonté des bustes de plâtre de Juliette et de sa fille Claire Pradier, exécutés par Victor Vilain.
Claire, née en 1826 et dont le père était le sculpteur James Pradier (1792-1852), mourut en 1846. Victor Hugo l'associa au souvenir de Léopoldine et lui consacra plusieurs poèmes des "Contemplations".

 

Les motifs floraux qui ornent le troisième bahut rappellent ceux fréquemment utilisés à Hauteville House. Les armes de Victor Hugo sont apposées sur deux de ces meubles. Sur un banc apparaît l'inscription VIVE AMA, évoquant les nombreuses devises, souvent latines, que Victor Hugo apposa en de nombreux endroits à Hauteville House.

Salle 5 les photographies de l'exil : cette salle occupe l'emplacement d'un cabinet de travail dépendant semble-t-il de la chambre attribuée à Léopoldine puis à ses frères. Les photographies réalisées par Victor Hugo, ses fils et Auguste Vacquerie, durant l'exil à Jersey, sont souvent présentées dans cette salle.

Victor Hugo et les siens passèrent un peu plus de trois ans à Jersey (d'août 1852 à octobre 1855) où ils louèrent une maison, Marine Terrace. Un petit atelier photographique fut aménagé dans un coin de la serre. Victor Hugo et sa famille, le cercle des proscrits de Jersey, paysages et objets constituent l'essentiel des sujets. Adèle Hugo écrit dans son Journal qu'une galerie de portraits photographiques ornait les murs de la salle à manger de Marine Terrace. On estime à environ 350 les images produites entre 1853 et 1854, et l'on dénombre une soixantaine de portraits du poète.

Victor Hugo ayant montré tout au long de sa vie une très grande curiosité d'esprit, on ne s'étonnera pas de son intérêt immédiat pour la photographie. Toutefois, selon le témoignage de Madame Hugo, il ne semble pas qu'il ait lui même utilisé les appareils photographiques. En revanche, le poète intervenait dans le choix des sujets et bien entendu dans la mise en scène de ses portraits. Cette technique très nouvelle va servir admirablement les ambitions politiques de l'écrivain et sa littérature de combat.

Aux murs, quatre médaillons de terre cuite, représentant Victor Hugo, sa femme Adèle, Charles et François-Victor, qui furent exécutés par Victor Vilain lors de son séjour à Guernesey en 1860. La "table aux quatre encriers" évoque les actions sociales menées par les époux Hugo à Guernesey. En 1860, Madame Hugo organise une vente de charité au profit des enfants pauvres de Guernesey. Elle demande à Victor Hugo, George Sand, Alexandre Dumas et Alphonse de Lamartine de lui faire don de leur encrier.
Lamartine envoie une petite boîte de verre qui avait contenu la poudre facilitant le séchage de l'encre et George Sand ajoute un briquet. Chacun accompagne son envoi d'un autographe. Le plateau à tiroirs comportant ces différents objets qui fut alors exécuté ne trouva aucun acquéreur et Victor Hugo l'acheta.

 

 

 

 

 

Le salon du retour d'exil : le 5 septembre 1870, après la défaite de Sedan, Victor Hugo rentre en France après dix-neuf années d'exil. Il s'installe en avril 1874 dans un appartement 21, rue de Clichy, puis en novembre 1878, il emménage avec Juliette Drouet dans un hôtel particulier, aujourd'hui disparu, 130, avenue d'Eylau (à l'emplacement de l'actuel 124 de l'avenue Victor Hugo). Il y restera jusqu'à sa mort.

 

 

 

Le mobilier présenté dans cette salle et le lustre de Murano aux couleurs de la République, proviennent du salon de cet hôtel. Le portrait de Victor Hugo peint par Léon Bonnat est une copie exécutée par Daniel Saubes, sous la direction de l'artiste, à la demande de Paul Meurice pour l'inauguration du musée. Le poète, assis de face, s'appuie du bras gauche sur un exemplaire d'Homère posé sur une table. Un autre tableau peint par Charles Voillemot en 1879, représente les petits enfants de Victor Hugo, Georges et Jeanne, tenant "L'Art d'être grand-père", publié en 1877. Ce sont eux qui offriront à la Ville de Paris l'ensemble du mobilier qui garnissait la chambre de Victor Hugo, avenue d'Eylau, dans laquelle le poète décéda le 22 mai 1885

 

L'un des miroirs, dont le cadre est l'une des compositions décoratives de Victor Hugo, orné d'oiseaux et de fleurs, a été réalisé à Guernesey, peu de temps avant son retour en France. On peut encore y lire quelques vers destinés à Georges.

 

Des photographies de Victor Hugo par Nadar (1878), Charlot (1884) ou Gallot (1885) montrent le poète vers la fin de sa vie. Le buste de bronze exécuté par Auguste Rodin, souvent présenté dans cette salle, est l'une des nombreuses commandes adressées par Paul Meurice à des artistes à l'ouverture du musée.

 

 

 

 

 

La chambre de Victor Hugo : Elle occupe l'emplacement d'une partie de l'ancien cabinet de travail de Victor Hugo et de sa chambre, à l'époque où il résidait place Royale. La chambre de l'hôtel de l'avenue d'Eylau, où Victor Hugo a demeuré de 1878 à sa mort est ici reconstituée grâce à ses petits-enfants Georges et Jeanne qui ont fait don du mobilier et des objets composant cette pièce en 1903 pour l'inauguration du musée.

 

Grâce aux illustrations figurant dans la presse de l'époque et à la description qu'en donne Georges Hugo dans son livre de souvenirs : "Mon Grand-père", publié à Paris en 1902, la reconstitution est très fidèle.

 

La Justice de plâtre doré que mentionne Georges Hugo est en réalité une statue de la République tenant un glaive et appuyée sur une stèle, exécutée en 1878 par Auguste Clésinger (mari de Solange, fille de George Sand) qui l'offrit à Victor Hugo pour son anniversaire, le 26 février 1879. Sur la commode, un vase de Sèvres à fond bleu sur lequel se déroule un décor peint par Fragonard, illustrant Le Joueur de Jean-François Regnard, fut offert à Victor Hugo qui entrait dans sa quatre-vingtième année, le soir du 25 février 1881, par Jules Ferry, président du Conseil, au nom du gouvernement. Enfin, on peut voir la table conçue par l'écrivain à partir de deux tables superposées et sur laquelle il écrivait debout.

 

Victor Hugo a vécu dans cette dernière demeure avec Juliette Drouet, non loin de ses petits-enfants qui habitaient l'hôtel voisin. Juliette Drouet s'est éteinte le 11 mai 1883 et repose auprès de sa fille, Claire Pradier, au cimetière de Saint-Mandé.

En 1882, le quatre-vingtième anniversaire de Victor Hugo fut l'occasion d'un grand hommage populaire et officiel. La même année, la Ville de Paris donna à la partie de l'avenue d'Eylau, où il résidait, le nom d'avenue Victor Hugo.

 

A l'annonce du décès de l'écrivain le 22 mai 1885, le gouvernement décida des funérailles nationales et le Panthéon (encore église sous Napoléon III) revint alors à la laïcité. Le 1er juin 1885, deux millions de personnes suivirent le cortège. Rarement écrivain français aura autant contribué à forger sa propre légende de son vivant et aura reçu de la nation une reconnaissance officielle. La IIIe République, en s'emparant du personnage et de son mythe, en construisant une autre légende, léguera à la postérité une image, républicaine et nationale de l'écrivain, qui est encore aujourd'hui dans la mémoire collective.

 

ScreenHunter_01_Jul

2175148820_cffa12ca0f

1474369343_916f93f1d8

2175148816_d236d96cc7

2175148808_7fe773fde3

400261623_fecda81b27

2580211906_2910c5ccfc

ScreenHunter_02_Jul

ScreenHunter_03_Jul

ScreenHunter_04_Jul

ScreenHunter_05_Jul

ScreenHunter_06_Jul

ScreenHunter_07_Jul

2320078451_ffb79677c3

195504958_f34c339493

img_6616

img_6618

ScreenHunter_08_Jul

ScreenHunter_10_Jul

img_6622

423444227_8bca53cbca

ScreenHunter_09_Jul

img_6624

360872465_2d64192cbd

img_6626

423444084_7002c52e07

423444366_ec02379bac

img_6628

ScreenHunter_11_Jul

 

 

Procurez vous des ouvrages de Victor Hugo

 

 

 

 LOCALISATION DE LA MAISON :

 

 

 

 

 

23 juillet 2008

Maxime Gorki - Moscou

Biographie de Maxime Gorki.

 

 

Maxime_Gorky"Les gens ne cessent de chercher, ils veulent toujours trouver mieux".

 

Maxime Gorki est né le 28 mars 1868 à Nijni Novgorod sur la Volga dans un milieu modeste. Il passa les toutes premières années de sa vie à Astrakhan où son père était agent maritime après avoir quitté son atelier d'artisan de Nijni Novgorod, mais l'enfant revint dans sa ville natale quand son père mourut alors que Maxime avait trois ans et que sa mère retourna chez ses parents qui tenaient un petit atelier de teinturerie. Orphelin de mère un peu plus tard, à dix ans, il fut élevé durement par un grand-père violent et une grand-mère excellente conteuse, douce et pieuse : il apprit ainsi à survivre dans un contexte difficile mais pittoresque qu'il évoquera dans le premier volet de son autobiographie "Enfance".

Forcé par son grand-père de quitter l'école à douze ans, il pratiqua plusieurs petits métiers comme cordonnier ou graveur dans la ville de Kazan. Très affecté par la mort de sa grand-mère, il tenta de se suicider en décembre 1887 mais survécut à la balle qu'il s'était tirée près du cœur, celle-ci cependant endommagea gravement son poumon et il souffrit toute sa vie de faiblesse respiratoire. Il entreprit ensuite une très longue errance à pied de plusieurs années dans le sud de l'empire russe et les régions du Caucase, lisant en autodidacte, effectuant différents métiers comme docker ou veilleur de nuit et accumulant des impressions qu'il utilisera plus tard dans ses œuvres : il racontera cette période de formation dans "Mes universités".

A 24 ans, il décida de rentrer dans le rang et devint journaliste pour plusieurs publications de province. Il écrivait sous le pseudonyme de Jehudiel Khlamida, nom évoquant par sa racine grecque le masque et les services secrets, puis il commença à utiliser aussi le pseudonyme de "Gorki" (qui signifie littéralement amer) en 1892 dans un journal de Tiflis : ce nom reflétait sa colère bouillonnante à propos de la vie en Russie et sa détermination à dire l'amère vérité.

Le premier ouvrage de Gorki "Esquisses et récits" parut en 1898 et connut un succès extraordinaire, en Russie et à l'étranger, ce qui lança sa carrière d'écrivain pittoresque et social. Il y décrivait la vie des petites gens en marge de la société (les bossiaks, les va-nu-pieds), révélant leurs difficultés, les humiliations et les brutalités dont ils étaient victimes mais aussi leur profonde humanité. Gorki acquit ainsi la réputation d'être une voix unique issue des couches populaires et l'avocat d'une transformation sociale, politique et culturelle de la Russie, ce qui lui valut d'être apprécié à la fois de l'intelligentsia, il entretiendra des liens de sympathie avec Anton Tchekhov et Léon Tolstoï, et des travailleurs.

Dans le même temps, à partir de 1899, il s'affichait proche du mouvement social-démocrate marxiste naissant et s'opposait publiquement au régime tsariste, d'où de nombreuses arrestations : il sympathisa avec de nombreux révolutionnaires, devenant même l'ami personnel de Lénine après leur rencontre en 1902. Il gagna encore en célébrité quand il démontra la manipulation de la presse par le gouvernement lors de l'affaire Matvei Golovinski, qui fut contraint à l'exil après la dénonciation de Gorki prouvant l'implication de la police secrète, l'Okhrana, dans la rédaction et la publication du "Protocole des sages de Sion". Son élection en 1902 à l'Académie Impériale fut annulée par le tsar Nicolas II, ce qui entraîna par solidarité la démission des académiciens Anton Tchekhov et Vladimir Korolenko.

Les années 1900-1905 montrent un optimisme grandissant dans les écrits de Gorki et ses œuvres les plus déterminantes dans cette période sont une série de pièces de théâtre à thèmes politiques dont la plus célèbre est "Les Bas-fonds", représentée après des difficultés avec la censure en 1902 à Moscou avec un grand succès et montée ensuite dans toute l'Europe et aux États-Unis. Maxime Gorki s'engagea alors davantage dans l'opposition politique et fut même emprisonné brièvement pour cet engament en 1901. Il fut de nouveau incarcéré à la Forteresse Pierre et Paul de Saint-Pétersbourg durant la révolution avortée de 1905 : il y écrivit sa pièce "Les Enfants du soleil", formellement située durant l'épidémie de choléra de 1862, mais clairement comprise comme représentant les évènements de l'actualité.

Devenu riche par ces activités de romancier, de dramaturge et d'éditeur, il apporta son aide financière au Parti ouvrier social-démocrate de Russie (POSDR) en même temps qu'il soutenait les appels des libéraux pour une réforme des droits civiques et sociaux. La brutale répression de la manifestation des travailleurs demandant une réforme sociale le 9 janvier 1905, évènement connu sous le nom de "Dimanche sanglant" qui marqua le début de la Révolution de 1905, semble avoir joué un rôle décisif dans la radicalisation de Gorki. Il devint alors très proche du courant bolchevique de Lénine sans qu'il soit assuré qu'il adhéra à ce mouvement : ses relations avec les Bolcheviques et Lénine demeureront d'ailleurs difficiles et conflictuelles.

En 1906, les Bolcheviques l'envoyèrent aux États-unis pour lever des fonds de soutien et c'est pendant ce voyage que Gorki commença son célèbre roman "La Mère" (qui paraîtra d’abord en anglais à Londres et finalement en russe en 1907) sur la conversion à l'action révolutionnaire d'une femme du peuple à la suite de l'emprisonnement de son fils. Cette expérience de l'Amérique, où il rencontra Théodore Roosevelt et Mark Twain mais aussi les critiques de la presse qui se scandalisait de la présence à ses côtés de sa maîtresse Moura Budberg et non de sa femme Yekaterina Peshkova, l'amena à approfondir sa condamnation de l'esprit bourgeois et son admiration pour la vitalité du peuple américain.

De 1906 à 1913, Gorki vécut à Capri à la fois pour des raisons de santé et pour échapper à la répression croissante en Russie. Il continua cependant à soutenir les progressistes russes, particulièrement les Bolcheviques, et à écrire des romans et des essais. Il bâtit aussi avec d'autres émigrés bolcheviques comme Bogdanov ou Lounatcharski, un système philosophique controversé intitulé "Construction de Dieu" qui cherchait, en prenant appui sur le mythe de la révolution, à définir une spiritualité socialiste où l'humanité riche de ses passions et de ses certitudes morales accèderait à la délivrance du mal et de la souffrance, et même de la mort. Bien que cette recherche philosophique ait été rejetée par Lénine, Gorki continua à croire que la culture, c'est à dire les préoccupations morales et spirituelles, était plus fondamentale pour la réussite de révolution que les solutions politiques ou économiques. C'est le thème du roman "La Confession", paru en 1908.

Profitant de l'amnistie décrétée pour le 300e anniversaire de la dynastie des Romanov, Gorki revint en Russie en 1913 et poursuivit sa critique sociale en guidant de jeunes écrivains issus du peuple et en écrivant les premières parties de son autobiographie, "Ma vie d'enfant" (1914) et "En gagnant mon pain "(1915-1916).

Durant la Première Guerre mondiale, son appartement de Petrograd fut transformé en salle de réunion bolchevique mais ses relations avec les communistes se dégradèrent. Il écrivit ainsi deux semaines après la Révolution d'octobre : "Lénine et Trotsky n'ont aucune idée de la liberté et des droits de l'homme. Ils sont déjà corrompus par le sale poison du pouvoir ... ". Son journal "Nouvelle vie" fut censuré par les bolcheviques et Gorki écrivit en 1918 une série de critiques du Bolchevisme au pouvoir intitulées "Pensées intimes" qui n'ont été publiées en Russie qu'après la chute de l'Union soviétique. Il y compare Lénine à la fois au tsar pour sa tyrannie inhumaine d'arrestations et de répression de la liberté de penser et à l'anarchiste Serge Netchaïev pour ses pratiques de comploteur. En 1919, une lettre de Lénine le menaça clairement de mort s'il ne changeait pas ses prises de position.

En août 1921, il ne put sauver son ami Nikolaï Goumiliov qui fut fusillé par la Tcheka malgré son intervention auprès de Lénine. En octobre de la même année 1921, Gorki quitta la Russie et séjourna dans différentes villes d'eau en Allemagne et ayant achevé le troisième volet de son autobiographie, "Mes universités" publié en 1923, retourna en Italie pour soigner sa tuberculose : installé à Sorrente en 1924, il resta en contact avec son pays et revint plusieurs fois en URSS après 1929, avant d'accepter la proposition d'un retour définitif que lui fit Staline en 1932 : on discute les raisons de ce retour expliqué par des difficultés financières pour les uns comme Soljenitsyne, ou par ses convictions politiques pour les autres.

Sa visite du camp de travail soviétique des Îles Solovetski, maquillé à cette occasion, le conduisit à écrire un article positif sur le Goulag en 1929, ce qui déclencha des polémiques en Occident : Gorki dira plus tard l'avoir écrit sous la contrainte des censeurs soviétiques. Il fut honoré par le régime qui exploita dans sa propagande son départ de l'Italie fasciste pour retrouver sa patrie soviétique : il reçut la médaille de l'Ordre de Lénine en 1933 et fut élu président de l'Union des écrivains soviétiques en 1934, ce qui lui valut d'être installé à Moscou dans un hôtel particulier qui avait appartenu au richissime Nikolaï Riabouchinski et est devenu le Musée Gorki aujourd'hui, et on lui accorda également une datcha dans la campagne moscovite. Une des artères principales de la capitale, rue Tverskaïa, reçut son nom comme sa ville natale qui retrouvera son nom primitif de Nijni Novgorod en 1991, à la chute de l'URSS. Le plus gros avion du monde construit au milieu des années trente, le Tupolev ANT-20, fut baptisé lui aussi "Maxime Gorki". Cette consécration soviétique est illustrée par de nombreuses photographies où il apparaît aux côtés de Staline et d'autres responsables de premier plan comme Kliment Vorochilov et Viatcheslav Molotov. Par ailleurs, Gorki participa activement à la propagande stalinienne comme dans l'éloge du "Canal de la mer Blanche" à propos duquel, évoquant les bagnards du goulag chargés des travaux, il parle de "réhabilitation réussie des anciens ennemis du prolétariat".

Cependant, Gorki semble avoir été partagé entre sa fidélité au bolchevisme et ses idées sur la liberté indispensable aux artistes. Il était d'ailleurs suspect aux yeux du régime et après l'assassinat de Sergueï Kirov en décembre 1934, le célèbre écrivain a été assigné à résidence à son domicile. La mort soudaine de son fils Maxim Pechkov en mai 1935 et la mort rapide, attribuée à une pneumonie, de Maxime Gorki lui-même le 18 juin 1936 ont fait naître le soupçon d'empoisonnement mais rien n'a jamais pu être prouvé. La presse internationale annonce cette mort le 19 juin comme en témoignent les numéros de L'Humanité et d'Ouest-Éclair en France. Staline et Molotov furent deux des porteurs du cercueil de Gorki lors de ses funérailles qui furent mises en scène comme un événement national et international le 20 juin 1936 sur la Place Rouge à Moscou. André Gide qui commençait son célèbre voyage en URSS y prononça un discours d'hommage.

Maxime Gorki est inhumé dans le cimetière du Kremlin derrière le mausolée de Lénine.

 

 

 

Moscou sa maison.

 

 

 

ScreenHunter_01_JulCet hôtel particulier est le chef-d'œuvre de Féodor Ossipovitch Chekhtel, architecte peu connu en dehors de Russie, mais dont l'œuvre d'importance internationale est parallèle à celle de Frank Lloyd Wright et de Charles Rennie Mackintosh.

 

L'escalier de marbre sculpté tout en courbes est l'un des éléments marquants de cette maison. Sa torchère en bronze, ses vitraux rétro-éclairés et tout son équipement furent dessinés en même temps que les plans de la maison. Une restauration récente a remis en valeur l'éclat de la serrurerie de cuivre et les coloris délicats des motifs Arts Nouveau peints sur les murs et les plafonds. Malheureusement, la façade de brique aux mosaïques naturalistes n'a pas eu la même chance et aurait grandement besoin de réparations.

 

La maison fut commandée en 1900 par Stephan Riabouchinsky,(frère de Dimitri Riabouchinsky) grand mécène des arts d'avant la Révolution et membre de la secte des Vieux Croyants. Les pratiques religieuses de celle-ci ayant déjà été interdites avant 1917 (son fondamentalisme déplaisait à l'église orthodoxe), il avait fait construire une chapelle secrète sous l'avant toit de sa demeure.

 

La résidence Riabouchinsky, dans laquelle vécut l'écrivain Maxime Gorki impressionne autant par son style Art Nouveau que par le luxe de ses détails : escalier principal spectaculaire, boiseries merveilleusement travaillées, ferrures des portes et des fenêtres, vitraux et verrières. Ils montrent la recherche d'un équilibre entre l'utilitaire et le décoratif. Même dans cette maison, d'inspiration essentiellement européenne, le profond désir russe d'harmonie entre l'homme et la nature transparaît. Dans leur recherche d'un nouveau confort, les meilleurs créateurs du XIXe siècle tentèrent d'insuffler davantage de poésie dans la vie quotidienne, comme savaient le faire les paysans dans leur pauvre isba. A la différence de l'opulence exacerbée des palais et des grandes demeures, les maisons bourgeoises russes aspiraient moins à la prétention qu'au charme et à la Gemütlichkeit, manifestant cet idéal profondément ressenti que la beauté peut parfaire l'homme et l'enrichir.

 

L'escalier de marbre crée un lien fluide entre le second niveau et l'étage principal tout en équilibrant le vestibule central. Ses courbes intègrent jusqu'à la marqueterie du parquet. Le vitrail a sans doute été réalisé à Saint-Pétersbourg. La torchère a été dessinée par l'architecte. A l'étage supérieur, un chapiteau en plâtre sculpté met un point final à l'envolée de l'escalier. Dans toute la maison, les couleurs pâles des peintures contrastent fortement avec les tonalités profondes des boiseries. Les portes de chêne vernis de chaque pièce étaient sculptées selon des motifs tous différents. Les poignées en cuivre sont remarquablement délicates et élégantes.

 

L'architecture est une longue variation sur un même thème. Elle s'affirme dès l'entrée, très simplement aménagée, où les boiseries de chêne sont incrustées de cuivre. Le sol aux anneaux concentriques est en mosaïque de marbre et de granit. De lourdes draperies étaient tirées pour se protéger des courants d'air.

 

L'hôtel Riabouchinski est un excellent exemple d'art total associant architecture, peinture, sculpture, arts appliqués dans un même édifice, jusqu'au moindre détail, des façades aux ustensiles de cuisine. L'Art nouveau transforme tout objet en objet d'art, chaque détail devient partie d'un tout, qui ressemble à un organisme vivant.

 

Riabouchinski vécut dans cette maison jusqu'à son départ pour l'Italie lors de la révolution bolchevique. Après la révolution le bâtiment sera nationalisé. En 1918, il est dévolu aux services de visas et de passeports. En 1919, il devient le siège des Editions nationales de l'URSS. Il abrite à partir de 1923 l'Institut de psychanalyse et en 1926, la Société d'échanges culturels internationaux.

 

En 1931, l'hôtel est attribué à Maxime Gorki (les intérieurs ont, à cette époque, été modifiés et les meubles changés). Lorsque Gorki emménage dans cette maison il ne lui reste que 5 ans à vivre et sa carrière d'écrivain est sur le déclin. On y trouve cependant exposés, de nombreuses photos de l'auteur en compagnie de fonctionnaires ambitieux, son chapeau, son manteau et sa canne, ainsi que sa collection de sculptures orientales, de nombreuses lettres et des livres, dont quelques premières éditions.

 

En 1932, une rencontre mémorable entre Staline et les écrivains socialistes a lieu dans la salle à manger, c'est là que le terme de "réalisme socialiste" est inventé. Depuis 1936, c'est le musée Gorki. La femme de Gorki, bien plus jeune que lui, habitera le premier étage de la maison jusque dans les années 1970.

 

 

ScreenHunter_02_Jul

ScreenHunter_03_Jul

ScreenHunter_04_Jul

ScreenHunter_05_Jul

Maison_Gorki_1

DSC_0279

Maison_Gorki_2

Maison_Gorki_3

Maison_Gorki_4

Maison_Gorki_5

Maison_Gorki_6

 

ScreenHunter_06_Jul

IMG_1457

2477816123_23067e4949

2477819947_9daa080cd7

gorki2

Maison_Gorki_7

Maison_Gorki_8

Maison_Gorki_9

Maison_Gorki_10

Maison_Gorki_11

Maison_Gorki_12

Maison_Gorki_13

DSC_0273

2478622146_3211130f8f

2477818289_47f8d21174

2477807679_db76d72fe2

2477809623_bc6e81360b

gorki7

gorki1_bis

2477805869_d777f97cbd

Maison_Gorki_14

ScreenHunter_07_Jul

2477814541_8bf6819112

Musee_Gorki

 

 

Procurez vous des ouvrages de Maxime Gorki

 

 

 LOCALISATION DE LA MAISON :

 

 

 

 

 

12 juillet 2008

Pablo Neruda - La Isla Negra

Biographie de Pablo Neruda.

 

Pablo_Neruda"Je veux vivre dans un monde où les êtres seront seulement humains, sans autres titres que celui-ci, sans être obsédés par une règle, par un mot, par une étiquette".

 

Neftali Ricardo Reyes est né en 1904, à Parral (Chili). Il est le fils d'un cheminot et d'une institutrice qui meurt deux mois après sa naissance. Le futur poète passe son enfance à Temuco, en Auracanie, près d'une vaste forêt. C'est là qu'en 1917, il publie son premier article dans le journal local. L'année suivante paraissent ses premières poésies qu'il signera Pablo Neruda à partir de 1920. Ce pseudonyme deviendra son nom légal en 1946. Il l'a choisi en hommage au poète tchèque Jan Neruda (1834-1891).

En 1921 Il s’installe à Santiago où il suit, à l’Institut pédagogique, les cours de préparation au professorat de français. Il publie régulièrement des poèmes ainsi que des articles de critique littéraire pour Claridad. En juin 1924, son premier chef-d'œuvre, "Vingt poèmes d’amour et une chanson désespérée" est publié par les Éditions Nascimento (Santiago).

Très tôt reconnu, il abandonne ses études pour se consacrer à la littérature, avec un penchant marqué pour l'avant-garde de l'époque, André Breton et ses précurseurs  : William Blake, Rimbaud, Lautréamont. Ne bénéficiant pas des revenus qui lui permettraient, comme tout littérateur qui se respecte, de vivre en rentier, il entre dans la "carrière", comme on dit encore à cette époque où la langue internationale est le français, où Neruda excelle.

En 1927, il est nommé consul ad honorem à Rangoon, Birmanie, puis en 1928 consul à Colombo, Ceylan. En 1929 il assiste au Congrès panindien de Calcutta. L'année suivante, il est consul à Batavia (Java), puis à Singapour. En 1932, il retourne au Chili.

Avec Lorca, à travers lui, Neruda établit un pont avec toute la jeune poésie espagnole. Un poste à Barcelone en 1934 puis à Madrid en 1935, le lie durablement avec cette génération. Il reçoit "l'hommage des poètes espagnols", fonde la revue de poésie Caballo Verde, qui publie des poètes des deux continents. C'est là qu'il rencontre Délia, sa deuxième femme, et Rafael Alberti leur trouve à Madrid la fameuse "maison des fleurs", celle dont il refusera de parler à cause du "sang dans les rues". La guerre civile éclate, en effet, l'année suivante. Sa vie bascule. Lorca est assassiné. Neruda écrit alors le fameux "J'explique certaines choses" et "le Chant aux mères des miliciens morts", qui figureront dans "Espagne au coeur", recueil qui sera une des parties de la troisième et dernière "Résidence sur la terre". Ses écrits n'étant pas très diplomatiques, et il est renvoyé.

En 1936, il est relevé de ses fonctions consulaires. Pablo Neruda se rend à Valence, puis à Paris, où il fonde, avec César Vallejo le Groupe hispano-américain d’Aide à l’Espagne. En 1939, Neruda est nommé consul à Paris, chargé de l’immigration au Chili des réfugiés espagnols. Il passe par Montevideo où il assiste au Congrès international des Démocraties, comme délégué de l’Alliance des Intellectuels chiliens.

En 1940, il est de retour au Chili, où il commence "Le chant général". Il voyage ensuite au Mexique, à Cuba, en Colombie… En 1945, Pablo Neruda est élu sénateur des provinces minières du Nord (Tarapaca et Antofagasta), peu après il adhère au Parti communiste. Il écrit "les Hauteurs de Machu-Picchu". En 1947, ses œuvres sont censurées. L'année suivante après son discours "J'accuse", il est déchu de son mandat de sénateur et poursuivi. Il passe dans la clandestinité et fuit le pays en passant la cordillère par les régions australes.

En 1949, il séjourne à Paris, à Moscou et dans divers pays communistes. Il assiste au Congrès latino-américain des Partisans de la Paix, à Mexico, mais, malade, il doit rester plusieurs mois alité. Plusieurs pays organisent des soirées en son honneur et éditent ses poèmes. Pablo Neruda continue ses voyages, il retourne à Paris, se rend en Inde où il rencontre Nehru… Il reçoit, avec Picasso et d’autres artistes, le Prix international de la Paix pour son poème "Que Réveille le bûcheron". Ses œuvres sont traduites dans de très nombreuses langues. En 1950, il voyage dans le bloc soviétique puis se rend de Mongolie en Chine… il tient le rôle de personnage représentatif du communisme mondial. Préoccupé par la question sociale au Chili, où les méfaits du capitalisme sont criants, il ne prête pas attention à la terreur stalinienne.

En 1952, il est de retour au Chili après l'annulation du mandat d'arrêt lancé contre lui en 1948. En 1954, son cinquantième anniversaire est l'occasion d'un hommage particulier. Il continue à voyager dans le monde entier. En 1959, Pablo Neruda commence à construire, à Valparaiso, sa maison "La Sebastiana" où il s'installe en 1962.

En 1969, il est désigné par le Parti communiste comme candidat à la présidentielle. Avec la mise en place de l'Unité populaire (1970), négociée avec le parti socialiste, il s'efface devant Salvador Allende, qu 'il soutient. Pablo Neruda est nommé ambassadeur à Paris par le nouveau président.

En 1971 Neruda reçoit le prix Nobel de Littérature et se rend à New-York pour dénoncer le blocus organisé par les États-Unis visant à mettre en difficulté le gouvernement de gauche.

Le poète est mis en résidence surveillée par les putschistes du 11 septembre 1973. Il meurt 12 jours plus tard, officiellement d'un cancer. Ses maisons de Santiago et d’Isla Negra, sont plusieurs fois perquisitionnées et saccagées. Ses obsèques sont l'occasion d'une grande manifestation d'opposition à la junte qui vient de prendre le pouvoir, des chants jaillissent de la foule, témoignant, par-delà la mort, du pouvoir subversif de la poésie.

En 1974, l’autobiographie de Neruda : "Confieso que he vivido" (Je confesse que j’ai vécu), paraît à titre posthume.

 

 

 

 

 

La Isla Negra sa maison.

 

 

 

Islanegra2A 100 Km de Valparaiso, Isla Negra n'a d'île que le nom, il s'agit en fait d'une petite colline boisée dominant la plage.

Pablo Neruda acheta en 1938 une ruine, qu'il retapa et agrandit au fil du temps pour en faire cette merveilleuse maison. Entièrement de granit et de bois, la maison est largement ouverte vers la mer par de nombreuses baies vitrées.

Du haut de la colline la vue est imprenable sur la plage et l'Océan Pacifique. "Cette maison est mon bateau ancré sur terre".

Pablo Neruda est resté fidèle à son principe architectural favori (tout comme dans sa maison "la Sebastiana" à Valparaiso) il ne bâtit pas "une" maison mais un puzzle d'habitations séparées par des petites portes, des escaliers, des sentiers caillouteux...

Les pièces sont plutôt exiguës, les escaliers étroits, les fenêtres immenses sur la mer... Chez Neruda, on n'entre pas, on embarque !

On y trouve une exceptionnelle collection d'objets insolites, venus du monde entier. Un inventaire à la Prévert, mêlant humour et poésie. De magnifiques figures de proue, des coquillages, des statuettes, des maquettes de bateaux, des instruments nautiques, des carafes colorées, des cartes postales... Dans la cour, face à la mer, un joli bateau de pêche... Et, côté terre, une locomotive à vapeur...

Pablo Neruda a vécu ici les dernières années de sa vie auprès de sa dernière épouse et muse, Matilde Urrutia. Cette maison est une véritable caverne d’Ali Baba, un capharnaüm qui ferait le délice des enfants. "Dans ma maison, sont réunis des jouets petits et grands, sans lesquels je ne pourrais pas vivre", s’amusait à raconter le poète, montrant les multiples objets qu’il collectionnait d’un air enjoué, comme s’il s’excusait de tant de candeur. "L’enfant qui ne joue pas n’est pas un enfant, mais l’homme qui ne joue pas perd pour toujours l’enfant qui vivait en lui. (...) J’ai construit ma maison comme un divertissement et je joue dedans du matin au soir".

Conformément à ses voeux, Pablo Neruda est enterré dans le jardin de sa maison, face à l'océan, aux côtés de sa dernière épouse Matilde.

De nos jours cette maison est devenu un musée et est admirablement conservée.

 

Isla_Negra_Pablo_Neruda

966898531_3bf5150f5f

Isla_Negra

2480029146_d7146a6e12

1506986883_0d7f337434

2423941693_563ed61ee6

ScreenHunter_04_Jul

351931039_ae41be7d4a

Isla_Negra3

770278217_8b7aa0d4aa

132552847_f9eb68389d

132552024_6ba024a4d4

2543578171_6b58b1052d

 

699883594_0f42220540

699995662_ed5386c600

698978523_ead13cd439

698996861_034402964e

700022204_e02332a0ce

1507840194_54ae5e239d

ScreenHunter_05_Jul

 

699823694_4c8b1d4ffe

696990635_fa5e2b2d87

 

1507841082_78ee05c41d

ScreenHunter_06_Jul

ScreenHunter_07_Jul

1801113769_fdef17bdb1

1423275055_f4dc48419c

1465578190_1e8da2cd59

1464771771_fb82371526

ScreenHunter_08_Jul

357703871_476458d855

2217464066_10f12912a3

234172697_ad66980395

ScreenHunter_09_Jul

 

Pablo Neruda.

La Isla Negra.

 

Procurez vous des ouvrages de Pablo Neruda 

 

 LOCALISATION DE LA MAISON :

 

 

 

 

 

 

Publicité
Publicité
Publicité
Derniers commentaires
Publicité