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Maisons d'écrivains
24 novembre 2008

Guillaume Apollinaire - Le Vesinet

Biographie de Guillaume Apollinaire.

 

 

apollinaire"Je veux vivre inhumain, puissant et orgueilleux,puisque je fus créé à l'image de Dieu".

 

Guglielmo Alberto Kostrowitzky naît à Rome, le 26 août 1880. Sa famille cependant est d’origine polonaise. Son grand-père, Apollinaire Kostrowitzky, d’illustre ascendance aristocratique, quitte le domaine familial, aux environs de Minsk, pour participer à la guerre de Crimée. Blessé en 1855 lors du siège de Sébastopol, l’officier, pensionné désormais par le tsar, se marie à une jeune italienne, Julia Floriani. Celle-ci lui donne une fille prénommée Angelina Alexandrina, en 1858. Commence à cette époque pour les Kostrowitzky une longue période d’errance, de dénuement, de mésentente conjugale, en Europe.

Apollinaire Kostrowitzky échoue dans la ville des Papes, avec sa fille, en 1866. Celle-ci entre au couvent des Dames françaises du Sacré-Cœur. Après y avoir reçu une éducation religieuse, la jeune femme quitte l’institution en 1874, à l’âge de vingt ans, pour indiscipline. Quelques années plus tard, en 1880, un enfant lui naît, fruit d’une liaison avec un officier, Francesco Flugi d’Aspermont. Le petit Guglielmo aura un frère, prénommé Alberto, en 1882. Ensemble, ils passent leur petite enfance en Italie.

En 1887 cependant, Angelina Kostrowitzky et ses deux fils s’installent à Monaco. Guillaume effectue ses études au collège Saint-Charles, de 1887 à 1895, année de sa fermeture, puis au collège Stanislas de Cannes au cours des deux années qui suivent, et enfin au lycée de Nice en 1897. Pieux – il effectue sa première communion en 1892 - et studieux, l’étudiant montre des dispositions pour la littérature et les arts. Cependant, il n’obtiendra pas le Baccalauréat.

Au printemps 1899, les Kostrowitzky, couverts de dettes, arrivent à Paris. Angelina, qui se fait appeler Olga à présent, ne bénéficie plus des subsides que lui versait son père, devenu Camérier - Officier de la Chambre - du Pape. Dans la capitale, Guillaume Kostrowitzky mène une vie laborieuse, prêtant sa plume à divers écrivaillons, avant de faire ses débuts journalistiques à Tabarin, une feuille politico-satyrique. A partir du mois d’août 1901, il effectue un long voyage en Allemagne, qui le mène jusqu'à Berlin. Le jeune homme a en effet été engagé par Madame de Milhau, pour être le précepteur de sa jeune fille. Le périple se poursuit au cours du printemps 1902, époque pendant laquelle le jeune homme découvre Prague, Munich, Vienne.

Son contrat achevé, Guillaume Kostrowitzky est de retour en France. Quelques-uns de ses contes sont alors publiés par La Revue blanche : "L’Hérésiarque" en mars, "Le Passant de Prague" en juin. Celui qui prend à cette époque le pseudonyme de Guillaume Apollinaire collabore également à La Grande France, à L'Européen, une revue de politique internationale, ainsi qu’à La Revue d'art dramatique. Dans cette dernière feuille, il assure une chronique des publications périodiques. Au mois de novembre 1902, Apollinaire fonde sa propre revue, Le Festin d'Ésope, toute entière consacrée à la poésie. Celle-ci aura neuf livraisons. Grâce à Max Jacob, il fait à cette époque la connaissance de Picasso, Vlaminck, Derain. En ces années 1903 et 1904, Apollinaire rejoint aussi fréquemment à Londres Annie Playden, une jeune anglaise rencontrée alors qu’il était auprès de Madame de Milhau. Sans grand succès amoureux cependant.

Résidant au Vésinet, le poète fréquente de plus en plus Montmartre, où il s’installe en 1907, abandonnant au passage son emploi dans une banque pour vivre de sa plume. La même année, Guillaume Apollinaire fait la rencontre de Marie Laurencin, à qui l’unira au cours des cinq années suivantes une liaison orageuse et discontinue. Le poète publie beaucoup à présent, dans diverses revues, et en particulier dans les pages de La Phalange, dédiée au mouvement néo-symboliste, en 1908. Son premier livre, "L'Enchanteur pourrissant", parait l’année suivante, qui fait néanmoins suite aux "Onze Mille Verges", un roman érotique qui circule sous le manteau dans Paris. Vient ensuite "L'Hérésiarque et Cie", un recueil de contes, en 1910, le "Bestiaire ou cortège d'Orphée" en 1911.

Celui, qui a servi de modèle au Douanier Rousseau en 1910, se fait critique d'art dans L'Intransigeant, ce qui lui assure quelques revenus réguliers. Dès le 1er avril 1911, Apollinaire anime également la rubrique "La Vie anecdotique" dans le Mercure de France. A l’automne cependant le poète est incarcéré une semaine durant à la Santé. Il est en effet accusé de complicité de vol pour avoir restitué des statuettes dérobées au Louvre par Géry Pieret, qu’il hébergeait jusque là. Après la disparition de La Joconde dans le même musée, l’opinion cherchait en effet un coupable. Au mois de février 1912, paraît le premier numéro des Soirées de Paris, consacrées à l’art moderne. Seize autres suivront jusqu’au mois de juin 1913, année où paraît "Alcools", le premier grand recueil du poète.

Guillaume Apollinaire effectue quelques séjours en Normandie, à La Baule puis à Deauville. Il est de retour à Paris à l'annonce de l'imminence d'une mobilisation générale, et y rencontre Louise de Coligny-Chatillon, "Lou". Désireux de s’engager, Guglielmo Kostrowitzky passe le conseil de révision à fin du mois de novembre. Le 5 décembre 1914, le poète est incorporé au 38ème régiment d'artillerie de campagne à Nîmes. Deuxième cannonier-conducteur, il est admis à un peloton d’élève-officiers créé à l’intérieur du régiment. Le 2 janvier 1915, de retour d'une permission passée à Nice, le poète rencontre dans le train Madeleine Pagès, une nouvelle liaison commence pour le poète. Au mois d’août 1915, la jeune femme deviendra sa fiancée.

Le 4 avril 1915 enfin, c’est le grand départ pour le front. Deux jours plus tard, il est à Mourmelon-le-Grand. Brigadier, Apollinaire est désigné comme agent de liaison. Son régiment est ensuite transféré aux Hurlus, puis près de Perthes. Nommé maréchal des logis, il occupe à présent les fonctions de chef de pièce. Le 1er novembre 1915 cependant, pour pallier au manque d’officiers dû aux pertes, Apollinaire est transféré dans l'infanterie comme sous-lieutenant et est affecté, le 20 novembre, au 96ème Régiment de ligne. En première ligne, il connaît à présent la vie des Poilus, dans la tranchée, face à l’ennemi. Ayant obtenu une permission, l’officier est à Oran, chez Madeleine Pagès depuis le 26 décembre jusqu'au 11 janvier 1916. De retour sur le front, Apollinaire est à Damery, en seconde ligne, quand, le 9 mars, il prend connaissance de la publication de son décret de naturalisation.

Quelques jours plus tard, le 14 mars 1916, l’officier monte en ligne avec son unité au Bois-des-Buttes, dans le secteur de la vallée de l'Aisne, au nord-ouest de Reims. Le 17, il est blessé à la tête d’un éclat d’obus qui perce son casque. Alors qu’il est évacué vers le Val-de-Grâce, un abcès provoque des paralysies partielles, son état nécessitant une trépanation. L’opération est un succès, mais suit une longue convalescence à l'hôpital du Gouvernement italien du quai d'Orsay. Au cours de cette période difficile, Apollinaire s'éloigne de Madeleine Pagès. Au mois d’octobre 1916, le "Poète assassiné" est publié, Avec ce recueil de nouvelles, le poète fait sa rentrée littéraire, ses amis profitant de l’évènement pour organiser un banquet en son honneur, le 31 décembre suivant.

L’année 1917 est particulièrement féconde. Les "Mamelles de Tirésias" paraissent le 24 juin, puis, en novembre, "Vitam impendere amori". Apollinaire prépare également une édition de ses "Calligrammes", auxquels il travaillait déjà avant la déclaration de guerre, et qui parait au mois d’avril 1918. Toujours tenu par ses obligations militaires, le poète est affecté au Bureau de Censure, jusqu’en avril 1918, moment où le ministre des Colonies Henri Simon le prend à son service dans son cabinet. Le 1er janvier 1918, Apollinaire est atteint d’une congestion pulmonaire. Hospitalisé à la villa Molière, transformé en hôpital, le poète y demeurera deux mois. Quelques temps plus tard, le 2 mai, il se marie à Louise Emma Kolb.

 

Atteint par la grippe espagnole, le poète décède le 9 novembre 1918. Il est inhumé le 13, au Père-Lachaise, alors que dans les rues de la capitale, les Parisiens fêtent l’armistice et la victoire sur l’Allemagne de Guillaume II.

 

 

Sa maison au Vesinet.

 

 

La commune du Vésinet se trouve au milieu d'un méandre de la Seine, sans accès au fleuve, à 19 kilomètres à l'ouest de Paris et à quatre kilomètres à l'est de Saint-Germain-en-Laye. Guillaume Apollinaire y a résidé, de 1904 à 1907, au 8, boulevard Carnot. Né à Rome en mai 1880, il avait alors vingt-quatre ans.

En fait, il était hébergé par sa mère, la comtesse polonaise de Kostrowitzky, qui avait loué au début de l'été 1904 une villa appartenant à un artiste lyrique, Charles-André Royer, et y vivait avec son ami du moment, Jules Weil, employé à la Banque de l'Ouest, place du Havre, face à la gare St-Lazare et son plus jeune fils, Albert, né, lui aussi, à Rome. Etranger à la vie des lettres, ce jeune homme devait s'embarquer en 1912 pour le Mexique où, sans avoir fait parler de lui, il mourrait du typhus, quelques mois après son frère Guillaume et leur mère. La location de la villa du 8, boulevard Carnot était faite au nom de celle-ci qui y vécut jusqu'à sa mort en 1919.

"Au Vésinet, écrit Pierre-Marcel Adéma, Madame de Kostrowitzky donna toute la mesure de son original caractère et de ses humeurs fantasques. La villa qu'elle occupe est spacieuse, deux étages, atelier vitré, terrasse sur le boulevard, vastes communs, parc garni de beaux arbres, avec un bassin surmonté d'un petit pont rustique. Bientôt, elle fera combler le bassin, brûler le ponceau dans le calorifère, abattre un grand chêne dont elle trouva l'ombre excessive, envoyant promener le propriétaire qui s'est permis quelques observations". Il s'agit d'une construction brique et pierre assez soignée, à peu près abandonnée aujourd'hui semble-t-il, cernée par des pavillons élevés plus récemment aux dépens de son parc, réduit, en façade, à quelques mètres. Plus de soixante ans ont passé et s'il leur était donné de revivre, ni le propriétaire ni l'irascible locataire ne s'y retrouveraient.

"Selon son état de fortune, le couple engage une domestique ou la renvoie, à moins que les subits emportements, facilement suivis de voies de fait de Madame de Kostrowitzky ne provoquent le départ prématuré de la servante. Si le caractère paisible de son frère s'accommode de l'humeur de leur mère, Guillaume ne réagit pas de même et, déjà très indépendant, il ne séjourne au Vésinet que le strict nécessaire. En semaine, il ne s'y rend que le soir fort tard s'il n'a pas trouvé asile chez l'un ou l'autre de ses amis. Le dimanche, il s'échappe vers la campagne environnante..."

La campagne environnante, c'est la boucle de la Seine, le pont de Chatou, la Grenouillère, rendez-vous de peintres et de canotiers. Joyeux compagnon, le jeune Guillaume s'y fait des amis, lesquels ont nom André Derain et Maurice de Vlaminck. D'autre part, ses allées et venues ferroviaires du Vésinet à Paris lui valent (la fréquentation des cafés des environs de la gare St-Lazare lui plaisant davantage que celle des salles d'attente) de faire la connaissance de Pablo Picasso et de l'écrivain Max Jacob.

On peut penser que c'est grâce à son séjour au Vésinet que ce fils naturel d'une aventurière russo-polonaise et d'un brillant militaire italien qui ne l'a pas reconnu, a vu sa carrière littéraire prendre son orientation définitive, orientation dont Montmartre d'abord, Montparnasse ensuite confirmeront le caractère ultra fantaisiste et feront de lui le chantre de toutes les avant-gardes artistiques.

 

 

 

 

 

 

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Site officiel Guillaume Apollinaire.

Page de Jean Michel Maulpoix.

A la recherche de Guillaume Apollinaire, archive de l'INA.

 

Procurez des ouvrages de Guillaume Apollinaire

 

 LOCALISATION DE LA MAISON :

 

 

 

 

 

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17 novembre 2008

Sigmund Freud - Vienne

Biographie de Sigmund Freud.

 

Sigmund_Freud"L'humour a non seulement quelque chose de libérateur, mais encore quelque chose de sublime et d'élevé."

 

Sigmund Freud naît le 6 mai 1856 à Freiberg, en Moravie. Il est le fils aîné de Jakob et d’Amalia Freud, sa seconde épouse. Alors qu’il n’est âgé que de trois ans, son père, négociant en laine, fait faillite. Après un séjour à Leipzig, les Freud s’installent à Vienne, en 1860, dans le quartier juif. Entré au lycée en 1865, Sigmund obtient son baccalauréat à l'âge de dix-sept ans. A cette occasion, il traduit "L’Œdipe-Roi" de Sophocle pour son examen de sortie. A l’Université, après une année passée à la faculté de philosophie – où Freud suit notamment les cours de Franz Brentano -, l’étudiant opte finalement pour la physiologie et la médecine.

Après avoir fait son entrée
à l'école médicale viennoise, e
n 1876, il rejoint le laboratoire de Ernst Wilhelm Brücke, se spécialisant dans l’anatomo-physiologie du système nerveux. Diplômé en 1881, il est interne à l’Hôpital général l’année suivante. Déprimé, Freud s’essaie à la cocaïne, une drogue dont il étudiera par la suite les effets, ses propriétés analgésiques. Ayant obtenu une bourse, Freud assiste aux leçons de Jean-Marie Charcot à l’hôpital parisien de la Salpetrière. Après avoir traduit en allemand ses "Leçons sur les maladies du système nerveux", il publie bientôt un ouvrage traitant de l’hystérie masculine et s’inspirant des discours du savant français. De retour à Vienne, le médecin autrichien ouvre son propre cabinet, y pratiquant l’électrothérapie, selon la mode du temps. Le 14 septembre 1886, il se marie à Martha Bernays. De leur union naîtront six enfants.

A cette époque, Sigmund Freud, élu membre de la société médicale de Vienne en 1887, commence à pratiquer l’hypnose, la méthode de la catharsis notamment. Au patient, le médecin, qui se consacre à présent entièrement au traitement des malades, demande de revenir aux circonstances qui étaient celles de l’apparition des premiers symptômes. Peu après la mort de son père, en 1896, Minna, la sœur de sa femme – avec laquelle il vit "désormais dans l’abstinence" - rejoint le domicile des Freud. Après des "Etudes sur l’aphasie" en 1891, l’analyste publie ses "Etudes sur l’hystérie" en 1895, avant de parler pour la première fois l’année suivante de "psycho-analyse" dans un article rédigé en français. Après avoir découvert l'Œdipe, en 1898, "La Sexualité dans l’étiologie des névroses", puis "L’interprétation des rêves" en 1899, précisent sa pensée.

Ainsi, selon le médecin viennois, les causes des maladies névrotiques "sont à trouver dans des facteurs issus de la vie sexuelle". Quant aux rêves, c’est la "voie royale de l’accès à l’inconscient". Nommé en 1902 professeur associé à l’université de Vienne, le médecin réunit le mercredi soir dans son appartement un petit cercle de ses proches – la Société du mercredi - , parmi lesquels figurent Otto Rank, Alfred Adler, Paul Federn, Carl Gustav Jung… En 1904, la publication en volume de sa "Psychopathologie de la vie quotidienne" popularise l’approche freudienne des phénomènes psychiques. Selon lui, en effet, le lapsus et l'inconscient sont intimement liés. Peu après "Trois essais sur la théorie de la sexualité" font de la
psychanalyse une théorie globale du fonctionnement de l'appareil psychique.


Celle-ci est d’ailleurs discutée par les plus grands psychiatres, tandis qu’en 1908 est fondée la Société psychanalytique de Vienne et celle de Berlin. La même année, un Congrès international est réuni à Salzbourg. Freud étend ses investigations aux enfants ("Analyse d’une phobie d’un garçon de cinq ans" qui paraît 1909), analyse également un texte issu d’un patient qu’il ne connaît pas, avant de publier, de 1911 à 1915, cinq articles définissant le code de conduite de l’analyste. Ceux-ci contredisent ouvertement sa propre pratique. Le freudisme s’étend au continent américain. En 1909, Freud est en effet invité à effectuer un cycle de conférences à l’université Clarck, au Massachusetts, avant que ne soit fondée, deux années plus tard, la Société psychanalytique de New York.

C’est au moment où naît l’Association internationale de psychanalyse qu’apparaissent les premières dissensions au sein de la communauté d’initiés. Steckel, Adler, puis Jung lui-même, pourtant nommément désigné par Freud comme son successeur, sont expulsés du petit cercle des intimes du maître. Peu après la parution de "Totem et Tabou", qui contient la notion de "narcissisme", Freud n’a pas renoncé à populariser ses idées et rédige en 1916 ses "Leçons d’introduction à la psychanalyse". S’il s’intéresse à l’impact émotionnel de la guerre en cours sur les combattants, le docteur Freud lui-même, au cours de la première Guerre mondiale, ne verra aucun de ceux qui affluent pourtant dans les hôpitaux de Vienne. En 1921, avec "La Psychanalyse et les névroses de guerre", il affirmera que ces symptômes particuliers "sont de nature sexuelle".


Dans "Au-delà du principe de plaisir", publié l’année précédente, Freud expose sa découverte de ce qu'il désigne comme les pulsions de vie et de mort, "l’instinct de mort", mais aussi le Moi, le Ça et le Surmoi. Au mois d’avril 1923, apparaissent les premiers symptômes d’un cancer de la bouche qui l’atteint. A la suite d’une opération maladroite, il doit porter une prothèse de la mâchoire supérieure pour pouvoir parler, manger… Alors que le mouvement psychanalytique bénéficie à présent du soutien financier de Marie Bonaparte, une riche française, Freud et la psychanalyse obtiennent un succès de mode - s’allonger sur le divan du médecin à New York, lors de son séjour en 1925 est très en vue. Ce dernier reçoit un prestigieux prix littéraire en 1930, le prix Goethe, avant que Stephan Zweig ne dresse un portrait flatteur du psychanalyste avec "La Guérison par l’esprit" l’année suivante.

Au mois de mai 1933, peu après l’accession d’Adolf Hitler et du parti nazi au pouvoir, les livres de
Sigmund Freud, le médecin juif, sont brûlés à Berlin. La même année, il correspond avec Albert Einstein. Ensemble, les deux hommes se demandent "Pourquoi la guerre ?" A cette époque, Freud entend d’ailleurs donner davantage d’ampleur à sa pensée. En 1927, il dénonce, avec "L'avenir d'une illusion", l'assujettion des "masses paresseuses et inintelligentes" au fait religieux, la croyance en Dieu n’étant, selon lui, qu’une projection psychologique de la figure du père. Avec "Malaise d'une civilisation" en 1929, Freud met en avant la fonction de culpabilité et met en garde contre le progrès qui n’est pas forcément source de bonheur.

En 1938, un groupe de militants nazi pénètre dans la maison viennoise de Freud. Sa fille Anna est arrêtée, puis relâchée, par la Gestapo. L’année suivante, grâce à l’intervention du président américain Roosevelt, le fondateur de la psychanalyse obtient des autorités allemandes de pouvoir émigrer vers l’Angleterre. Au cours des ans cependant, sa maladie s’est aggravée. Alors qu’il est opéré de nouveau et à plusieurs reprises en 1936, celle-ci le fait à présent atrocement souffrir. A tel point qu’il demande à son médecin, Max Schur, d'abréger son calvaire. Ce dernier lui injecte alors deux centigrammes de morphine, une dose mortelle, qui le plonge dans le coma. La mort survient deux jours plus tard. Sigmund Freud décède à Londres, le 23 septembre 1939.


Sa maison à Vienne.

 

753793069_4c86d9800cVienne capitale de l'Autriche, c'est ici que Sigmund Freud a passé pratiquement toute sa vie. C'est dans cette capitale mythique qu'il a étudié et rencontré Martha, sa femme, avec laquelle il a eu six enfants. C'est aussi ici qu'il a découvert l'inconscient, psychanalysé des centaines de patients et écrit toute son oeuvre théorique.

En 1938, chassé par les agressions antisémites, il a dû fuir vers l'Angleterre.

 

Que reste-t-il de Sigmund Freud à Vienne ? A la fois rien et tout. Son appartement et son cabinet viennois, situés au n°19 de la Berggasse, ont été transformés en musée national, mais la plupart des pièces y sont vides. Pourtant, si les meubles sont à Londres, à Maresfield Gardens, sa dernière demeure, nul doute que Freud est encore très présent à Vienne. Comme si son âme était restée là.

 

 

Freud a toujours entretenu une relation complexe, faite d'amour et de haine, avec Vienne. Cette ambivalence, la ville la lui rend bien aujourd'hui encore : son visage est imprimé sur tous les billets de 50 schillings, son musée est l'un des lieux les plus visités, mais il n'y a pas de rue Sigmund-Freud. Il était arrivé à Vienne vers l'âge de 3 ans, quand ses parents durent quitter leur petite manufacture de textile de Tchécoslovaquie, où les affaires allaient mal. Pour le petit Sigmund, qui avait perçu l'anxiété et le chagrin de sa famille, ce premier voyage en train jusqu'à Vienne fut un traumatisme violent. Il disait : "Vienne, c'est le lieu où l'on enrage à en mourir, mais où l'on souhaite mourir tout de même."

Le conservateur du musée aime à dire combien les  Autrichiens souhaitent que les meubles et affaires personnelles de Freud restent à Londres : "Pour qu'on n'oublie jamais qu'on a chassé de notre ville l'un des plus grands esprits du siècle."

Berggasse 19 : cette adresse est mythique. Pourtant, l'Autriche n'y a installé un musée qu'à partir de 1969. Freud, alors qu'il était jeune médecin neurologue, y a emménagé en août 1891. Il y resta quarante-sept ans. La Berggasse (littéralement, rue de la Montagne) est pentue. Le n° 19 se situe dans sa partie la plus plane, parmi les maisons respectables. Les Freud occupaient tout le premier étage. A gauche du palier, les appartements privés. A droite, le cabinet de consultation du docteur.

Dans "la Maison de Freud" d'Edmund Engelman (Le Seuil, 1976), on peut y voir des clichés de l'époque, depuis rien n'a changé dans ce hall. En montant l'escalier, on ne peut s'empêcher de penser à tous les patients, anonymes ou futurs grands psychanalystes - tels Ferenczi et Jung - qui ont gravi ces marches cinq ou six fois par semaine pour vivre l'aventure d'une "cure par la parole" avec Freud. Jusqu'en 1938, ce fut un défilé. Il recevait son premier patient à 8 heures et consultait jusqu'à 13 heures, puis de 15 à 21 ou 22 heures.

Les séances duraient cinquante-cinq minutes. Lui se ménageait seulement cinq minutes entre chaque. Tout cela représentait donc douze à treize heures d'analyse par jour, suivies d'un énorme travail d'écriture. Cela semble surhumain. C'est très révélateur de la place du travail de Freud dans sa vie.

En allemand, Freud signifie "joyeux". Ceci évoque la double facette de la personnalité de Sigmund. Dans le milieu professionnel, il était plutôt distant, réservé. Mais en privé, il était, paraît-il, chaleureux, bienveillant et drôle. Freud n'a jamais parlé avec ses enfants de ses émotions, de son adolescence, de sa vie intérieure. Il maintenait sous silence toute une part de son être.

La salle d'attente est la seule pièce qui soit restée telle quelle, intacte. Ces quelques mètres carrés forment l'épicentre où naquirent toutes les fondations de la psychanalyse. Car on n'a pas seulement attendu sur ce canapé, on a aussi beaucoup débattu.

Chaque mercredi soir, en effet, tous les disciples de Freud s'y réunissaient. La Société de psychologie du mercredi, puis la Société psychanalytique de Vienne tinrent des réunions animées entre ces quatre murs : Alfred Adler, Karl Abraham, Otto Rank et Carl Jung, entre autres, y écoutèrent les enseignements du docteur. En 1910, cette pièce devint finalement trop petite pour accueillir tous ceux qui voulaient participer aux séances de travail.

Freud marchait énormément. Surtout après le déjeuner, vers 13 h 30, et après le dîner. De la Berggasse, qu'il remontait, il rejoignait son marchand de cigares près de l'église Saint-Michael ou déposait ses manuscrits chez son éditeur, au Bauermarket. Toujours impeccablement soigné, il était très soucieux de son apparence extérieure et ce, jusqu'à ses dernières heures, dans les circonstances les plus terribles. Sa canne et son chapeau,  objets abandonnés sur le portemanteau, sont très symboliques. Ils évoquent l'exil précipité, comme s'ils n'avaient pas eu le temps de les emporter avec eux, comme s'ils comptaient revenir ou laisser une trace.

Combien de patients ont emprunté les couloirs de l'hôtel Regina, sis non loin ? La plupart de ceux qui venaient de l'étranger pour suivre une analyse avec Freud séjournaient au Regina qui n'est qu'à dix minutes à pied de la Berggasse. Les disciples européens d'abord, comme Jung, ou Lou Andréas-Salomé ; puis, plus tard, quand la psychanalyse eut vraiment le vent en poupe - après la Première Guerre mondiale -, tous les futurs analystes anglais et américains. C'était alors devenu un luxe de se faire psychanalyser à Vienne par Freud.

Freud était un grand collectionneur, il disait qu'avec les cigares, sa collection de statuettes égyptiennes - terres cuites et bronzes antiques - constituait l'essentiel de ses passions. Entre 1920 et 1938, il acheta des centaines d'antiquités au marchand Robert Lustig qui tenait boutique à deux pas de la Berggasse, sur Vieblingstrasse. Dans son cabinet de consultation, les statues débordaient des vitrines pour occuper la bibliothèque, le dessus des meubles et même son bureau. Ces déesses grecques ou préhistoriques ont vraiment accompagné la naissance de la psychanalyse. Freud les comparait d'ailleurs à la "technique de défouissement d'une ville ensevelie" : il se servait de ses statuettes pour expliquer l'inconscient à ses patients, comparant l'esprit humain à Rome où les fouilles archéologiques avaient permis de déceler "plusieurs couches".

Aujourd'hui, un buste de Sigmund Freud trône parmi ceux des éminences grises de l'université. Que penserait-il de cet hommage ? C'est entre ces murs qu'il a pris conscience, à 17 ans - alors qu'il commençait ses études de médecine -, de l'antisémitisme de ses condisciples non juifs. Plus tard, il reçut le titre honorifique de chargé de cours de neurologie. Pourtant, ses recherches sur l'hypnose et l'hystérie n'étaient pas très bien vues. Il dut faire plusieurs demandes et eut même recours à une éminente patiente pour obtenir finalement le titre de professeur.

Grâce à l'intervention de Marie Bonaparte, ces collections ont pu être sauvées et rapatriées à Londres. Quelques-unes appartiennent aujourd'hui aux descendants directs. La famille a fait donation de certaines statuettes au musée de Berggasse. Vienne n'a donc plus que quelques objets que Freud aimait tant contempler durant les séances.

Freud fut dépendant du tabac toute sa vie. Cette addiction est d'ailleurs l'un des thèmes essentiels de sa correspondance avec son grand ami oto-rhino-laryngologiste, Wilhelm Fliess. Il avait commencé à fumer des cigarettes à l'âge de 24 ans, puis s'était mis de façon définitive aux cigares, des Soberanos ou des Trabuccos. Vers l'âge de 38 ans, sous les injonctions de ses amis médecins, il tenta d'arrêter. Entre rechutes et reprises, il cessa de fumer environ dix-huit mois.

Et encore, même au cour de cette période, il écrivait à son ami Fliess : "L'abstinence me fait du bien ! Ma consommation oscille entre un et quatre cigares par jour." Puis il ne s'arrêta plus, même pendant les pires assauts de son cancer de la mâchoire. Les années de pénurie de tabac en Autriche, à partir de 1918, sont aussi celles où Sigmund vécut ses plus grandes douleurs : la perte de sa fille chérie Sophie, l'annonce de son cancer, la mort de son petit-fils Heinerle. On ne peut s'empêcher de penser aux traversées intérieures que ces deuils ont dû être pour lui. Freud était persuadé que les cigares l'aidaient à se concentrer et à se détendre. Qu'aurait donc été l'oeuvre de Freud sans le tabac ?

C'est à l'hôtel Bristol, que Freud aimait prendre le thé avec Marie Bonaparte ou la chanteuse parisienne Yvette Guilbert, deux de ses muses. Les femmes ont joué un rôle prépondérant dans sa vie et son oeuvre. Martha, sa femme, et Minna, sa belle-soeur, qui vécut quarante ans avec eux, l'ont indéniablement soutenu dans l'élaboration de son oeuvre. Martha, son grand amour de jeunesse, était devenue, après six grossesses difficiles, une épouse respectée. D'ailleurs, il avoua assez tôt dans une lettre à son ami Fliess : "Comment voulez-vous que j'aie encore une vie conjugale (entendez sexuelle)? Après 22 h 30, je suis mort de fatigue."

Le théoricien des pulsions et de la libido aurait-il été abstinent à 40 ans à peine ? Les rumeurs ont fait de Minna, sa belle-soeur, sa maîtresse. Lou Andréas-Salomé ou Marie Bonaparte l'ont écouté avec fidélité. Pourtant, sur la psyché féminine, Freud n'a guère écrit. Il n'a pu que s'interroger, comme l'indique sa célèbre question : "Mais que veut la femme ?"

 

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10 novembre 2008

Alphonse Daudet - Draveil Champrosay

Biographie d'Alphonse Daudet.

 

 

alphonse_daudet"La vie c'est une boîte d'instruments qui piquent et coupent. A toute heure nous nous ensanglantons les mains."

 

Louis-Marie-Alphonse Daudet naît à Nîmes le 13 mai 1840. L’enfant est très tôt confié à un paysan des environs résidant à Belzouce. Son père se consacre à ses affaires, la direction d’une fabrique de soieries. Celle-ci est en difficulté à cette époque. Aussi doit-il en céder les bâtiments, avant de s’installer à Lyon, au n°5 de la rue Lafont. Alphonse qui avait commencé ses études à l’institution Canivet puis à la manécanterie de Saint-Pierre-des-Terreaux, à Nîmes, entre alors en 1850 en classe de sixième au Lycée Ampère. En 1857, l’entreprise familiale ayant finalement fait faillite, Ernest Daudet, ruiné trouve à s’employer comme courtier dans la maison Plissonnier et Peyrou, négociants en vin.

Son fils Alphonse, qui n’éprouve que peu de goût pour ses études, préférant les parties de canotage sur la Saône, renonce alors à passer son Baccalauréat au mois d’août 1856. Il devient maître d’études au collège d’Alès au mois d’avril 1857. Le jeune homme en est renvoyé au mois de novembre de la même année, en raison peut être de la trop grande visibilité de ses intrigues amoureuses. Après une tentative de suicide, Daudet monte à Paris où il est accueilli par son frère aîné, Ernest. Celui-ci lui trouve un logement à l’hôtel du Sénat, au n°7 de la rue de Tournon, où résident également de nombreux méridionaux. Fréquentant la brasserie de la rue des Martyrs, Alphonse Daudet multiplie les succès amoureux avant de se lier quelques temps avec une actrice, Marie Rieu. Il fréquente aussi les salons mondains, brillant auprès de la bonne société parisienne par ses talents de causeur.

Adolescent déjà, Alphonse Daudet s’essayait à la littérature. En 1858, il publie son premier recueil de vers, "Les Amoureuses", et entame une collaboration avec de nombreux journaux. Au mois de novembre de l’année suivante, c’est Le Figaro qui accueille maintenant ses chroniques. Après avoir fait la connaissance de Frédéric Mistral au mois d’avril 1859, il entre au cours de l’été 1860 au service duduc de Morny, le président du Corps législatif. Pendant trois années, attaché au cabinet du demi-frère de l’Empereur Napoléon III, Daudet occupe un bureau au Palais-Bourbon et touche de confortables appointements.

Cependant des problèmes de santé l’obligent à prendre de fréquents congés. Il effectue ainsi un séjour en Algérie en 1861 puis passe l’été à Fontvieille, près de la ville d’Arles, en 1863. Entre temps est représentée sa première pièce, "La Dernière Idole", au Théâtre de l’Odéon, le 4 février 1862. Celle-ci obtient un certain succès. Sa situation matérielle se dégrade bientôt avec la mort de son employeur, le 10 mars 1865. Poursuivant son activité journalistique, Alphonse Daudet s’installe dans une villa de Clamart pendant l’automne suivant, en compagnie d’amis artistes de la bohème. Il entame alors une collaboration littéraire avec Paul Irène.

Le 6 août 1863, le portrait de l’écrivain que dresse Théodore de Banville dans Le Figaro lui fait naître une réputation. Daudet prend d’ailleurs part aux querelles littéraires du moment. Le 9 décembre 1866, il publie ainsi "Le Parnassiculet contemporain", une plaquette parodiant le genre poétique alors en vogue, représenté par Paul Verlaine et Stéphane Mallarmé. En villégiature à Nîmes, Alphonse Daudet travaille aussi à un roman qui se nourrit de ses souvenirs de surveillant d’études. "Le Petit Chose" est publié en feuilletons dans Le Moniteur à partir du 27 novembre 1866. L’écrivain se marie au mois de janvier de l’année suivante avec Julie Allard. Le couple aura trois enfants : Léon qui naît le 16 novembre 1867, Lucien pendant l’été 1878 et enfin Edmée le 29 juin 1886.

La fin de l'année 1869 voit la publication en volumes des "Lettres de mon moulin". Avec ce recueil de nouvelles, Daudet chante sa Provence natale. L’année suivante l’écrivain est fait chevalier de la Légion d’honneur par le Second Empire. C’est alors qu’éclate la guerre franco-prussienne. Alphonse Daudet participe à la résistance des Parisiens lors du siège effectué par les armées ennemies. Engagé dans le 96ème bataillon de la Garde nationale, il effectue son service au fort de Montrouge. Daudet quitte ensuite Paris le 25 avril 1871 alors que la Commune est proclamée.

Le 1er octobre 1872 est créé "L’Arlésienne" au Vaudeville, une pièce en trois actes tirée d’une de ses "Lettres de mon moulin"  et pour laquelle le compositeur Georges Bizet a signé la musique. C’est un échec complet. Paraît également "Tartarin de Tarascon" puis "les Contes du Lundi" au mois de février 1873. Vient enfin le succès, en 1874 et grâce à "Fromont jeune et Risler aîné". Alors que le public redécouvre ses œuvres antérieures, Alphonse Daudet se lie avec les célébrités du monde des Arts et de la littérature. Il fait ainsi la rencontre de Gustave Flaubert et des frères Jules et Edmond de Goncourt, de Victor Hugo et d’Émile Zola. Chez les peintres, ce sont les impressionnistes Auguste Renoir, Édouard Manet ou Claude Monet qui entrent à cette époque dans ses relations. Les Daudet peuvent maintenant s’installer dans un bel appartement situé Place des Vosges, au n°18.

Dans les années qui suivent, l’écrivain poursuit la rédaction de ses romans réalistes et parisiens. Après "Jack" en 1876 vient "Le Nabab" qui paraît du 12 juillet au 21 octobre de l’année suivante dans Le Temps, un récit dans lequel Daudet fait le portrait sans complaisance du duc de Morny. "Les Rois en exilest publié en 1879. En 1881 et avec "Numa Roumestan", l’écrivain travaille également l’emploi du langage provençal tandis que "Sapho" en 1884 lui est inspiré par sa liaison avec Marie Rieu. Dans les années qui suivent, Alphonse Daudet achève les aventures de Tartarin avec "Tartarin sur les Alpes" en 1885 puis "Port-Tarascon" en 1890. Entre-temps, "L’Immortel" lui ferme les portes des honneurs littéraires et de l’Académie française.

C’est à cette époque qu’Alphonse Daudet commence à ressentir des atteintes à la moelle épinière. L’écrivain consulte de plus en plus fréquemment le docteur Charcot à l’hôpital de la Salpetrière mais la maladie qui le touche est incurable. Installé rue de Bellechasse depuis 1885, il se retire alors dans sa villa de Champrosay, près de Paris. L’écrivain y reçoit de jeunes auteurs comme Marcel Proust, ami de son fils Léon, Maurice Barrès ou Jules Renard. Il effectue encore un voyage en Italie puis à Londres, Outre-Manche, en 1895.

Alors qu’éclate l’affaire Dreyfus pendant l’automne de la même année, Alphonse Daudet affiche ses convictions anti-dreyfusardes. Quelques années auparavant, en 1886, les Daudet avaient d’ailleurs accordé un prêt à Édouard Drumont, permettant à ce dernier de faire paraître à compte d’auteur son pamphlet "La France juive". Après la publication du "Soutien de famille", Alphonse Daudet décède brusquement le 16 décembre 1897, au cours d’une réunion de famille. C’est Émile Zola qui prononce au cimetière du Père-Lachaise l’oraison funèbre de l’écrivain. Malgré les sollicitations de Georges Clémenceau, le gouvernement dirigé par Georges Méline ne lui accordera pas les funérailles nationales.

 

Sa maison à Draveil Champrosay.

 

 

ChamprosayAlphonse Daudet s’est installé à Vigneux- sur-Seine dès après son mariage, en 1867, avec Julia Allard. C’est dans le château de son beau-père, où le couple séjourne cinq mois, qu’il fait connaissance avec cette terre qui deviendra l’Essonne. Il y poursuivra notamment l’écriture du "Petit Chose" qui paraîtra en 1868. Cette même année, le château de Vigneux est vendu et les Daudet louent, à Champrosay, une petite maison qui se trouve être l’ancienne demeure du peintre Delacroix. "Nous habitons entre la Seine et la forêt de Sénart une petite maisonnette où il y a deux chambres en trop. À une demi-heure de là mon beau-père a sa chasse en pleine forêt de Sénart : lièvres, perdrix, faisans, lapins, même chevreuil. Venez passer quelques jours avec nous… Les jours où vous ne chasseriez pas, nous irons à Paris qui est à une demi-heure en chemin de fer", écrit, à l’été 1868, Daudet à un ami.

Deux ans plus tard, ses beaux-parents achètent une grande maison à Champrosay. Celle-ci compte trois appartements, dont un habité par le couple Daudet lorsqu’il séjourne aux beaux jours en Essonne. Le reste de l’année, l’écrivain désormais connu dans toute l’Europe réside à Paris. En 1887, Alphonse Daudet acquiert, toujours dans le village, sa propre maison. Les amis - nombre d’entre eux sont célèbres - se succèdent. L’accueil convivial des Daudet est réputé. Ainsi, Maupassant, Renoir, Gambetta, Zola ou encore Paul Féval y partageront de chaleureux repas.

Les séjours de l’écrivain à Champrosay sont source d’inspiration et son œuvre littéraire s’inspire très largement de situations vécues. Dans le roman "Jack", le héros, Raoul Dubief, est un jeune homme qui vivait près de la forêt de Sénart en 1868. Un autre personnage est inspiré par le docteur Rouffy, célèbre à l’époque à Draveil. Quant à la banlieue comprise entre Boissy-Saint-Léger et Corbeil, elle donnera son cadre à "La Petite Paroisse". Enfin, l’action de ""Robert Helmont", roman inspiré par la guerre de 1870, se déroule également dans les environs de Draveil. Alphonse Daudet meurt à Paris, rue de l’Université, le 16 décembre 1897. Deux ans après, les maisons Allard et Daudet de Champrosay sont vendues.

 

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Alphonse Daudet.

 

 

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3 novembre 2008

Joë Bousquet - Carcassonne

Biographie de Joë Bousquet.

 

 

Joe_Bousquet"Mon coeur sera toujours le cauchemar de ma pensée".

 

 

Joë Bousquet est né dans l’Aude, à Narbonne, le 19 mars 1897. Son père était médecin-major dans l’armée. Il passe son bac en 1912 puis fait un voyage en Angleterre qui le marquera profondément. Au début de la guerre, son père est nommé dans la région parisienne avant de revenir en 1915 à Narbonne. Joë mène une vie agitée et s’initie à la drogue, morphine, puis cocaïne et enfin opium qui l’accompagnera jusqu’à sa mort.

En 1916 il devance l’appel. Très courageux, il recevra la croix de guerre, la médaille militaire et la légion d’honneur avant d’être blessé en 1917. Il est soigné à Nancy, vit une histoire d’amour qui le conduit au désespoir.

"Je m'appelle Joë Bousquet, je suis né et mort deux fois. J'étais un enfant capricieux. On m'appelait l'homme-chien. Ma cruauté m'avait acquis ce sobriquet. Adolescent on me disait un mauvais garçon, pourtant j'étais fils de bonne famille languedocienne, mon père médecin, mon oncle chirurgien. En 1916, à dix-neuf ans, je devance l'appel. J'ai un désir de guerre, une volonté d'en découdre. Avec ça, je gagne des galons et des médailles. J'avance. Je suis blessé une première fois. Grâce à ce courage de tous les diables je suis l'officier le plus décoré de mon régiment. Convalescent, je rencontre Marthe à l'opéra de Béziers, ma première rencontre avec l'amour. Impossible : La colère de ma mère quand elle aurait su que je voulais épouser une divorcée. Vite, je veux retrouver la guerre, le front, je veux m'échapper. Et puis, lors d'une attaque allemande, moi le lieutenant Bousquet, je ne sais pourquoi, tous reculaient. Alors, j'ai compris, c'était fini et je suis resté debout".

 

 

Il retourne au front où le 27 mai 1918 il est blessé aux vertèbres. Il restera alité toute sa vie à Carcassonne, au 53 rue de Verdun, dans une chambre dont les volets sont fermés en permanence.

"Une balle, une balle dans la colonne vertébrale, ma moelle épinière coupée, mes jambes paralysées, une unique balle mettra trente-deux ans pour me tuer. Seul, couché dans mon lit, j'ai atteint des hauteurs telles, que j'ai creusé le ciel. Enfermé dans ma chambre, enfermé dans mon corps, je rayonne dans cette lumière immobile. Le mal comme le bien a son ciel en moi; et je connais la voluptueuse satisfaction de n'être médiocre en rien. Chaque jour je redécouvre que j'ai été blessé, que je suis blessé et je dois à cette blessure d'avoir appris que tous les hommes étaient blessés comme moi. Je suis né le 19 mars 1897 à Narbonne, j'ai été touché par une balle à la colonne vertébrale le 27 mai 1918 à Vailly sur le front, j'avais vingt et un ans. Qui suis-je tel qu'on me voit, flottant entre mes deux personnes, celle de mon coeur et celle de ma mort ?"

"Car il faut être sincère jusqu'au bout. J'ai été blessé à vingt et un ans. Mais j'étais déjà un type perdu. Complètement dévoyé. Incapable de gagner sa vie. Pris par l'amour de toutes les drogues. Incapable de prendre sur lui d'écrire ou même de lire. Tout cela aurait fini par un coup de revolver. Ma blessure a fait tourner les choses autrement. Je suis comme un homme de tous les vents que la solitude et le silence auraient fait prisonnier..."

 

 

"La poésie n'est plus un reflet de l'homme : elle a le poids de son être et porte tous les traits de sa destinée Et puis, la vie va continuer dans cette chambre de Carcassonne, la lumière de la lampe, les rideaux tirés, tapi dans un coin, tassé, les yeux ouverts avec cette douleur trop forte qui remonte dans le corps, une pipe d'opium à portée de main pour lutter contre. Survivre, surmonter, passer par-dessus, vivre en creux, savoir dans sa chair que tous les feux, sur la mer, chantent qu'un homme est seul, après tout, et seul avec ce qui le mène, mais ne pas s'isoler, être plus que jamais parmi les hommes, un homme très différent, un homme-chien, plus qu'un homme, moins qu'un homme, le dernier des hommes et le meilleur des chiens."

 

Le Journal Intemporel, puis La Fiancée du Vent marquent ses débuts d'écrivain, mais c'est en participant à la fondation de la revue Chantiers que son engagement prend forme. Intéressé par le mouvement surréaliste, mais au-dessus des doctrines, son leitmotiv sera d'aimer, de suivre son coeur et rien d'autre. Chantiers du groupe Carcassonne fusionnera avec la jeune revue des Cahiers du Sud du groupe de Marseille. Les Cahiers du Sud qui ne cesseront de paraître , bien après sa mort, en 1966. Orientée vers la recherche d'un génie du sud, langue d'oc, troubadours, catharisme, hors de tout folklore, ouverte aux grands courants du nord, le graal, les romantiques allemands, la revue des cahiers du Sud abordera les sujets les plus divers, de la mathématique à la poétique érudite.

 

 

Estève, Jean Paulhan, Jean Cassou, André Gide, Paul Valéry, Paul Eluard, Ferdinand Alquié, de nombreux peintres, autant d'amitiés, de rencontres, qui se nouent et se resserrent au fil des lettres et au gré des visites, autant d'amour aussi avec des femmes imaginaires ou réelles, rêvées et imaginées, relais du monde où "Mon âme est comme la présence d'un amour dont je toucherais le fond dans les choses" Une marche sans jambes, sans pieds, une marche vers l'inconnu dans l'inconnu, dans les profondeurs de la nuit intérieure. "La poésie est la langue naturelle de ce que nous sommes sans le savoir". "J'ai vécu comme une femme, souhaitant d'enfanter des esprits et de les nourrir de sa substance".

1939, la guerre, l'occupation allemande partage la France. C'est alors qu'au pays des cathares, derrière les remparts de Carcassonne, l'espace confiné de la chambre avec ses quatre murs s'ouvre encore devenant le point de ralliement des écrivains réfugiés dans la zone sud, le groupe de la N.R.F. notamment, et le numéro spécial des Cahiers du Sud sur le Génie d'oc et l'Homme méditerranéen en 1943, en codirection avec Jean Ballard, est un pied de nez contre l'occupation nazie. "Un homme vaut uniquement par la portion de son esprit qu'il a réussi à rendre positive, à reprendre à ce marais de sottise et de fureur où nous serions baignés."

Le corps petit à petit se casse, avoir écrit tant et tant, des lettres innombrables, des poèmes, des romans, des journaux, avoir tant lutté, avoir tant cherché et cette balle qui continue son oeuvre, cette douleur qui empire et, l'opium, l'opium qui le drogue, seul remède à sa souffrance, à ses crises d'urémie insoutenables. "Mon corps était retranché de la vie ; par amour pour elle, je rêvais d'abord de le détruire. Cependant, les années, qui me rendaient mon infirmité plus présente, enterraient mon intention de me supprimer. Blessé, je devenais déjà ma blessure. J'ai survécu dans une chair qui était la honte de mes désirs. Alors, ma voix a surgi, elle a nommé, elle a convié et dévoyé cette brisure. Je veux recueillir mon néant à l'ombre d'une réalité digne de la lumière et forger de mes mains un objet qui efface mes traces. "

"Les dernières années viennent à moi; elles s'approchent, humbles, obligeantes, chacune avec sa lanterne...J'ai le coeur gonflé par la joie de les voir, de comprendre ce qu'elles veulent. Elles viennent. Emplir d'une clarté humaine la joie que nous eûmes d'exister...D'exister contre tout, contre l'adversité, contre nous...Avec l'aide du monde, nous guérirons de notre mort l'amour humain que nous fûmes. Le corps n'est pas un élément de dispersion."

Joë Bousquet meurt dans la nuit du 27 au 28 septembre 1950 à Carcassonne.

 

 

Carcassonne sa maison.

 

 

 

Quand on parle de maison d'Hommes célèbres, il en est une à Carcassonne qui vient automatiquement à l'esprit : celle de Joë Bousquet. Une maison restée en l'état, ouverte au public, devenue lieu d'échange, de recherches et qui abrite aujourd'hui, outre la chambre de l'écrivain, la Maison des Mémoires, le GARAË (Groupe Audois de Recherche et d'animation Ethnographique)et le Centre d'études Cathares René Nelli.

 

De 1924 à sa mort, il occupe, à Carcassonne, au 19 rue de Verdun, puis au 41 et enfin au 53 "la chambre aux volets clos". C'est là qu'il entreprend de "naturaliser sa blessure". Il commence à écrire. Telle une araignée sur sa toile, Joë Bousquet attend au centre de sa chambre. Au milieu des vapeurs d'opium et des parfums que de belles visiteuses laissent s'évaporer, il est là gisant, guettant les bruits du monde, et échangeant des lettres avec ceux qui marchent. Lui, colonne vertébrale brisée, il peut sentir physiquement en lui la terre tourner, alors que les bien portants n'y prennent garde.

Dans cette maison de la rue de Verdun à Carcassonne, cette maison aux volets toujours clos, il y a son lit immense avec le coussin réceptacle de son corps, un petit guéridon rond plein de médicaments, une table pour les manuscrits et la bibliothèque basse. Quelques tableaux et des lampes toujours allumées. De 1925 à sa mort, le soleil n'est jamais entré dans cette chambre, quelques amis et amies, oui. Cette chambre est maintenant un musée, La maison des mémoires. Dans cette tanière, il attend Aragon, Gide, le grand ami René Nelli qui lui parle de l'amour courtois, et bien d'autres encore,. car cette chambre dévouée "à la vie de l'esprit" devient l'antichambre des lettres françaises. Tapi dans la douleur, Joë Bousquet réussit à habiter la douleur. Lançant ses innombrables correspondances avec les peintres, les poètes, il a, si ce n'est sauvé le monde, du moins sauvé le sien. "Les miracles de l'amitié" l'ont tenu debout et éloigné ses ténèbres. Dans sa chambre (l'oubliette aérienne, disait-il), il s'entoure de toiles qui l'aident à vivre (Paul Klee, Max Ernst, Fautrier, Magritte...).

De nos jours rien n'a changé dit-on : "même l'odeur d'opium, drogue qu'il prenait régulièrement pour soulager ses douleurs ne semble pas vouloir s'évaporer".

 

 

 

 

 

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La page consacrée à Joe Bousquet sur ArtsLivres.

La page consacrée à Joe Bousquet sur remue.net.

Editions Verdier.

 

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